Présenté comme un roman d'aventure, Radieuse Aurore est pour moi l'image même de la construction de l'identité américaine et de la course au profit qui portait les hommes arrivant dans le Grand Nord mais également dans tous les secteurs d'activités.
Parce que même si le côté fantasmatique de l'Homme des Bois qui va chasser l'ours et couper des sapins pour construire sa cabane a quelque chose de viril, voire de romantique, il ne faut pas se leurrer: ces hommes partaient loin de leurs familles, sans aucun confort et sans garantie de retour, et c'était pas juste pour les grands espaces, c'était d'abord pour les possibilités d'enrichissement sur place.
Le roman raconte donc la vie de Radieuse Aurore, homme endurant et ambitieux, qui va exercer de nombreux métiers de force avant peu à peu de faire fortune dans le Grand Nord grâce aux concessions de recherche d'or qu'il va en partie gagner au poker. Par la suite, il part s'installer en Californie pour investir dans des affaires plus ou moins louches, l'industrie et le développement urbain d'espaces agricoles. Jusqu'au jour où il rencontre l'amour et que ses choix de vie soient remis en question par sa future femme.
Le livre se lit facilement, il n'y a pas de péripéties ou de retournements de situation, tout semble s'enchainer avec une facilité déconcertante. Pour moi il ne mérite pas les appellations de "chef-d’œuvre" que j'ai pu croiser sur internet.
Par contre, j'ai trouvé de l'intérêt à ce roman en le lisant en 2012 dans la perspective de la crise bancaire des États-Unis (qui m'est apparu à la fin du bouquin): l'histoire d'un gars un peu gentil, un peu gros, un peu naïf qui va faire fortune en pariant au poker, en misant les soirs de beuverie, en arnaquant un peu les autres mais aussi en suivant les conseils de "vrais arnaqueurs", tout ça pour faire encore plus d'argent. Il va souvent perdre beaucoup, mais sa bonne humeur le fait toujours rebondir sur des "coups" encore meilleurs... Là c'est gentillet puisque c'est le héros mais ça présente bien que la mentalité de cette époque, la loi du plus fort, est toujours d'actualité aux États-Unis...