Raging Bull par Cinemaniaque
Bien que je ne lise pratiquement jamais les livres dont sont tirés les films que j'aime, ce Raging Bull me tentait pour deux raisons : la première, observer le travail d'adaptation de Scorsese et Schrader et la deuxième, découvrir si le véritable Jake LaMotta était aussi fascinant que celui du film. Les deux motivations n'ont pas été déçues.
Si le style d'écriture laisse entrapercevoir un auteur pas très malin, plutôt brut, mais d'une franchise indiscutable, c'est bien le contenu même du livre qui impressionne, la vie de gueule cassée de Jake, rongé par la culpabilité d'un homicide soupçonné qu'il a commis enfant, constamment martyrisé par une société qui l'a pris en grippe - et à laquelle il le rend bien. L'enfance et l'adolescence de Jake sont dignes d'un roman de Dickens, peut-être exagère-t-il quelques faits mais qu'importe : c'est scorsesien jusqu'au trognon, c'est une success-story qui dégringole aussi vite qu'elle n'est arrivée, et ça ne s'arrête jamais. Les combats de boxe, les disputes familiales, la mauvaise foi sur sa gestion du club et une accusation de pédophilie, la reconversion en comique de bar peu reluisants : Schrader et Scorsese n'ont pas du pousser très loin la caricature pour amener le personnage vers une dimension tragique, tout était là dès le départ.
Jake LaMotta se raconte comme il se la raconte, s'octroyant toujours le beau rôle, que ce soit celui du plus grand champion comme du pire salaud; Raging Bull est l'histoire d'un gars entier, amoché par une vie bigger than life à laquelle il a rendu quelques coups, sans jamais se coucher. Un véritable taureau du Bronx qui n'a volé ni son surnom, ni sa légende.