***Attention, certaines intrigues du livre sont décrites dans cette critique!***
J'ai trouvé le premier tome de cette tetralogie par hasard à la bibliothèque municipale et alléchée par la quatrième de couverture, je décidai aussitôt de l'emprunter:
Les aventures de jeunes filles scandaleuses aux robes froufroutantes qui passent leur temps à prendre le thé ou à danser dans les bals en cherchant un mari, pensez-vous !
Je m'attendais naïvement à un roman à la Edith Wharton, assaisonné de réparties cinglantes et de critiques acerbes de la condition féminine... Ce fût réellement la douche froide à la lecture des premiers chapîtres : je me demandai d'abord s'il ne s'agissait pas d'une mauvaise traduction ( j'aime bien lire les romans anglophones dans le texte habituellement), et puis j'ai compris qu'il s'agissait bel et bien du style de l'auteur.
Le résumé se voulait suprenant en décrivant des situations actuelles pour révéler que celles-ci se déroulaient en fait à New York en 1900...
Le côté intemporel souhaité par l'auteur, se retrouve donc largement dans le vocabulaire des héroïnes,si pauvre et terriblement...actuel !
« Qu'est-ce qui se passe Maman? » Demande la douce Elizabeth à sa mère (Je m'attends presque à ce que la version originale soit « Yo wassup Mom? »).
Les descriptions sont sans intérêt, très peu détaillées, qu'il s'agisse des rues et bâtiments de la Grosse Pomme, ou bien des tenues de ces dames. On sait surtout que la rebelle Diana Holland a « un visage en forme de coeur » (heart-shaped face?) puisqu'on peut le lire au moins quarante fois dans le premier volume. J'ai vraiment eu l'impression que l'auteur n'avait fait que très peu de recherches sur l'époque, et que la seule chose qui pouvait lui servir dans le fait de poser l'intrigue au début du XXème siècle était qu'une jeune fille de la haute doit se marier avec un homme de son rang et faire ce que lui dit sa mère. Et pas fricoter avec le cocher. Et pas fricoter avec le fiancé de sa soeur.
L'intrigue est tirée par les cheveux ; on veut nous montrer des jeunes filles en lutte contre les contraintes de leur classe sociale mais rien ne me semble plausible. Autant quand je lis Jane Austen, les soeurs Brontë ou Edith Wharton, je suis souvent surprise de constater que leurs héroïnes sont réellement « modernes » et féministes, autant les situations décrites ici sont improbables.
La douce Elizabeth Holland élevée comme une héritière qui taille la route en Californie avec le cocher en se faisant passer pour morte, et sa soeur Diana, 17 ans qui part faire la barmaid à Cuba (dans le tome 4) pour retrouver son amant.
Seule l'ascension sociale fulgurante de l'ancienne servante Lina Broud devenue l'héritière Carolina Broad coqueluche de la ville trouve grâce à mes yeux.
La peste de service, l'insipide Penelope Hayes, est tordante avec ses colères qui tombent à plat, et ses manigances de cour d'école maternelle. A part s'habiller en rouge et mettre en valeur ses superbes cheveux noirs (ben oui, la gentille est blonde et diaphane, la méchante est brune et sulfureuse), elle ne fait pas bien peur.
Pourquoi donc attribuer la note de 7 à cette série ? Je critique, je critique, mais je dois avouer que j'ai lu ces livres avec un réel plaisir, même coupable. Parce qu'ils se lisent vite, ne prennent pas la tête et que malgré un style assez pauvre et des héroïnes en carton, l'auteur donne envie de connaître la suite (je n'irais pas jusqu'à dire que ça nous tient en haleine tout de même!).
Il faut juste être prévenu que ces romans n'ont rien à voir avec la littérature anglo-américaine du XIXème siècle , mais lorgnent plutôt du côté de la chicklit.
Et comme je suis curieuse, je pense tenter la lecture de la deuxième série d'Anna Godebersen, Bright Young Things qui se déroule dans les années 30.