Relic
6.9
Relic

livre de Douglas Preston et Lincoln Child (1995)

Quand je vois tout ce qui reste à lire, tous les auteurs que je n'ai pas encore abordé, et la pile des ouvrages qu'on me recommande ou prête (et que j'alimente sans aide, d'ailleurs) je n'ai que peu l'occasion ou l'envie de relire ce qui l'a déjà été. Ce livre là, fait partie de ces exceptions. Mais si je relis aujourd'hui l'ouvrage c'est principalement pour trois raisons : me rappeler en quoi il diffère de son adaptation ciné, où n'apparaissait pas le brillant Pendergast, héros fétiche des deux auteurs (Preston & Child) qui l'introduisent ici pour la première fois. C'est aussi dans l'optique de me replonger dans sa suite directe : "Le grenier des enfers". Un titre abominable mais c'est un ouvrage dont je garde un souvenir flou mais la certitude que je l'avais adoré en son temps. Et enfin parce que lire Preston & Child c'est l'assurance de se plonger dans un thriller scientifico horrifique d'une redoutable efficacité. Même les moins bons opus se dévorent.


Comme beaucoup je suppose, je suis entré dans Superstition à l'époque du film qui en a été tiré. Quand je l'ai vu en salle je ne savais pas que c'était tiré d'un bouquin mais j'avais bien aimé ce film de monstre. Je n'ai fait le rapprochement que bien plus tard après être tombé en adoration devant Le piège de L'Architecte des mêmes auteurs. Ce dernier fait partie de leurs quelques livres hors-série. Tout ça pour dire que c'est à ce moment précis que je suis devenu accro de leurs oeuvres communes et respectives. Bref Superstition constitue le premier jalon des aventures d'un héros atypique : Alosyus Pendergast agent du FBI originaire de la Nouvelle-Orléans. Un enquêteur officiel ce n'est pas ce qu'on peut appeler a priori un héros follement original. Celui-ci se caractérise d'emblée par son look de grand type maigre et pâle, tel un vampire au style surané (il a un chauffeur et roule en rolls). Son intelligence se veut acérée et si dans ce premier volume cela reste peu exploité, il laisse deviner déjà un background énigmatique (une femme disparue et des parties de chasse dans la savane africaine) qui sera mis à contribution dans des ouvrages suivants.
Paradoxalement, si le film suit la trame principale et les rebondissements, il élude pas mal de personnages qui deviendront récurrents dans les suites littéraires (le journaliste Smithback et Pendergast). Les deux supports sont efficaces et le film peut se vanter d'être une bonne adaptation qui fait l'impasse sur certains personnages (le scientifique Wittlesey qui devient Witney au cinéma, les deux gamins qu'on ne sacrifie que dans le livre, les relations épisodiques tendues mais savoureuses entre Mme Rickman et Smithback qui disparaissent du film. Cuthbert change de sexe, etc...) ou sous intrigues secondaires (il ne reste dans le film que peu de choses de l'expédition en Amazonie. Impossible de tout lister, et l'exercice serait peu intéressant me semble-t-il.
Le style d'écriture des auteurs est déjà là. C'est efficace et dynamique. Le découpage est très cinématographique. Avec le recul, cette première aventure m'a semblé moins maîtrisée et assez fouillie. Parfois l'écriture justement est moins aboutie. Cela reste une excellente entrée en matière mais Preston & Child ont clairement essuyé les plâtres ici. Le dénouement diffère quelque peu de la version ciné mais c'est certainement lié à l'absence de Pendergast. Au niveau des différences, le livre propose deux chapitres post climax pour inviter clairement le lecteur à lire une potentielle suite. C'est d'ailleurs l'occasion des ultimes révélations sur la créature. La présence de cette grosse bête des années durant dans les coulisses du muséum est assez saugrenue je trouve même si le processus de sa transformation si radicale doit bien prendre du temps imagine-t-on. Les créateurs du film ont bien dû sentir que c'était bancal et ont proposé une variante plus satisfaisante pour l'itinéraire de retour (de l'Amazonie au coeur de New York via la Nouvelle-Orléans dans le livre) mais cette nouvelle itération pose d'autres problèmes quand à la durée nécessaire à la mutation. Bref, difficile de trouver une cohérence satisfaisante à ce niveau.


Au final, que retenir de ce long exposé ? Un thriller efficace qui prend place pour la quasi totalité entre les murs d'un vaste bâtiment culturel c'est déjà original et culotté. Un premier essai parfois maladroit et perfectible mais qui contient déjà tous les ingrédients de ce qui suivra et qui perdure encore deux decennies plus tard.

SebastienBrassart
6

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le 17 mars 2018

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