L'univers souterrain de notre cher métro parisien semblait constituer le décor idéal pour une aventure post-apocalyptique assez réaliste puisqu'on y retrouve le nom de plusieurs stations connues à l’instar de Montparnasse, Duroc ou encore Varennes, réunies en regroupements (les fameuses « statiopées ») comme Petite Chine. Là, évolueront divers protagonistes dont les histoires parallèles finiront certainement par converger. Ce premier tome démarre ainsi très vite dans l’action et cerne très rapidement les enjeux. Une certaine Madone tente d'imposer une Fédération à l'ensemble des stations de Rive Gauche pour mettre fin aux différentes tyrannies qui sévissent dans Métro 2033 et réunir les différents groupes vivant sous terre. Évidemment, peu nombreux seront les puissants qui verront cela d’un bon œil car risquant de mettre fin à leurs avantages et autres petites dictatures, à commencer par le Pasteur Parn, responsable du culte d'Élévation, ainsi que les membres du conseil de Montparnasse, statiopée-capitale très religieuse dirigeant tout ce beau monde. A côté de ces parvenus, une bande de voleurs menée par Daub continue à farfouiller pour revendre armes et autres raretés perdues dans les décombres à la suite de la grande catastrophe ayant provoqué une sorte de retour de la société à l’âge médiéval. Parmi eux, Juss et Plaisance, deux jeunes adolescents qui vont vite devoir se débrouiller seuls au milieu de la cruauté du métro et grandir plus vite que prévu. On suivra donc principalement les aventures de ces deux groupes, dont les mésaventures seront également croisées avec celles de Roy et Ière, faisant partie d’autres castes de cet univers. Vous l’aurez compris à la lecture de ce qui a précédé, mais Pierre Bordage voit plus le monde de « Métro 2033 » comme une société matriarcale puissante fortement politisée et c’est d’ailleurs pour cela que l’on a des scènes de sexe, complètement absentes dans la version russe ! Autre apport de l’auteur français : les mutants aux différents pouvoirs. Dans « Rive gauche », ces derniers que ce soient les Nycts, capables de voir dans le noir ou les dvinns, enfants à la tête disproportionnée capables de deviner l'avenir, ils sont bien mis en avant à travers différents arcs narratifs tous aussi captivants les uns que les autres, même si le destin des deux armuriers nous touchera plus par son côté émotion mêlé de bravoure, de naïveté façon "Les Misérables". Au final, l’écrivain français ne se sera pas contenté d’élaborer une fan-fiction à l’univers déjà bien circonscrit de Glukhovsky, non, il aura apporté sa pierre à l’édifice en féminisant un peu plus ses personnages tout en construisant des récits parallèles tous aussi intéressants que la trame principale jusqu’à un final nous donnant l’envie de lire impatiemment la suite !