Koltès <3
Dans la mise en scène de Quai Ouest aussi on retrouvait une sorte de distanciation/ étrange propre aux textes de Koltès, mais qui s’apparente un peu à celle de Brecht
Dans Roberto Zucco il y avait une scène avait où panneau lu à haute voix annonce l‘intrigue (exactement comme dans die Dreigroschenoper pour le Verfremdungseffekte).
Je suis en plein dans les révisons de Brecht pour le bac, c‘était sympa de pouvoir réutiliser ça
- mise en scène et musique Thomas Bellorini à Montansier
- inspiré d’un fait divers
- dernière pièce avant sa mort (sida)
- les persos féminins étaient émouvants, Koltès en parle vraiment bien
> LA SOEUR Il t'est arrivé une petite histoire de gamine, tu as rencontré un garçon, il a été idiot comme tous les garçons, il a été maladroit, il t'a brusquée? Je connais cela, mon pinson, j'ai été une gamine, j'ai été à des fêtes où les garçons sont des imbéciles. Même si tu t'es fait embrasser, qu'est-ce que cela peut faire? Tu te feras encore mille fois embrasser par des imbéciles, que tu en aies envie ou pas; et tu te feras mettre la main aux fesses, ma pauvre, que tu le veuilles ou non. Parce que les garçons sont des imbéciles et tout ce qu'ils savent faire, c'est de mettre la main aux fesses des gamines. Ils adorent cela. Je ne sais pas quel plaisir ils y trouvent; je crois bien, d'ailleurs, qu'ils n'y trouvent aucun plaisir. C'est dans leur tradition. Ils n'y peuvent rien. Ils sont fabriqués avec de l'imbécillité.
> UNE PUTE (s'approchant de Zucco pour le relever). - Ne cherche plus la bagarre. Ta belle gueule est déjà bien abîmée. Tu veux donc que les filles ne se retournent plus sur toi ? C'est fragile, une gueule, bébé. On croit qu'on l'a pour toute la vie et tout d'un coup, elle est bousillée par un grand connard qui n'a rien à perdre pour sa gueule à lui. Toi, tu as beaucoup à perdre, bébé. Une gueule cassée et toute ta vie est fichue comme si on t'avait coupé la queue. Tu n'y penses pas avant, mais je te jure que tu y penseras après. Ne me regarde pas comme cela ou je vais pleurer ; tu es de la race de ceux qui donnent envie de pleurer rien qu'à les regarder.
> LA MERE Mon sang à moi, je m'en fous, il ne m'appartient pas. Tandis que celui de mon fils, c'est moi qui le lui ai fichu dans ses fichues veines, c'est mon affaire, c'était à moi, on n'a pas à répandre mes affaires n'importe comment, dans un jardin public, au pied d'une bande d'imbéciles. Je n'ai plus rien à moi maintenant. N'importe qui marche dans la seule chose qui m'appartenait. Cela va être nettoyé demain matin par les jardiniers. Qu'est-ce qui me reste, maintenant, qu'est-ce qui me reste?