Quand on dit que c'est l'une des oeuvres les plus sombres de Corneille, on ne se trompe pas. C'est l'histoire d'une mère (Cléopâtre, reine de Syrie) que la jalousie et le goût du pouvoir poussent à tuer son mari et conspirer pour assassiner ses propres enfants. Comme toujours, la langue est sublime. Un extrait que j'avais relevé dans un monologue de Cléopâtre acte V scène 1 et qui illustre bien sa folie furieuse :
-Trône, à t'abandonner je ne puis consentir !
Par un coup de tonnerre il vaut mieux en sortir,
Il vaut mieux mériter le sort le plus étrange :
Tombe sur moi le ciel, pourvu que je me venge !
Alors oui, il va falloir s'accrocher pour s'y retrouver au niveau des personnages qui ont tous des noms plus exotiques les uns que les autres (Laonice, Séleucus, Oronte..), mais c'est à mon sens une oeuvre grandiose qui surpasse Le Cid et qui est malheureusement trop méconnue.