Rose
6.6
Rose

livre de Tatiana de Rosnay (2011)

Rose a près de 60 ans, elle est veuve depuis 10 ans et doit quitter sa maison. Elle a organisé son déménagement et doit s'en aller vivre chez sa fille.
Rose a des amis, hommes et femmes, dont Alexandrine qu'elle connait depuis près de 10 ans et qu'elle considère comme sa fille.
Alexandrine aidera énormément Rose après le décès de son mari.
Rose veut rester dans la maison de son mari et de ses ancêtre et elle combattra jusqu'au bout. Elle trouvera de l'aide auprès de Gilbert, un homme sans domicile qui viendra la voir dans sa retraite et qui lui apportera de quoi se nourrir et boire. Il sera pratiquement son seul lien avec l'extérieur.
Rose nous livre ses réflexions, sa vie dans des mots écrits pour son mari à qui elle révèle tout son amour, des choses cachées mais aussi ce qu'elle a réalisé depuis son absence.
J'aime ces romans de femmes, ces femmes fortes. Ce que j'ai trouvé chez Tatiana de Rosnay, je l'ai également trouvé dans les romans d'Alba Kertz ou dans celui de Bertina Henrichs, Le Jardin. Ces femmes ont toutes quelque chose à défendre, des valeurs, de l'amour. Elles se battent contre l'ordre établi, elles veulent conserver ce qui les a fait devenir femmes. On constate leur évolution. Et malgré les siècles, chaque femme s'est battue pour ce qu'elle croit et cela n'est pas prêt de changer. En chaque femme sommeille une guerrière qui peut se révéler et être une battante.
Rose n'a pas honte d'avouer qu'elle n'aime pas sa fille, Violette, qu'elle n'a rien ressenti à sa naissance. Elle ne se considère pas pour autant comme un monstre sachant que toutes les deux sont différentes au point de vue caractère et qu'elles n'ont pas les mêmes aspirations.
Rose a trouvé auprès de sa belle-mère la mère aimante qu'elle n'a pas eu. Sa belle-mère est partie trop tôt mais cela a, très certainement, permis à Rose de se construire différemment.
Même si les femmes sont très présentes dans ce roman, Rose, Alexandrine, la Baronne de Vresse, les hommes sont également là en la présence de son mari, de l'Empereur, du Préfet, de Gilbert, du libraire. Des hommes tous très différents et qui ont permis à Rose de plus ou moins grandir, de s'ouvrir au monde, de s'intéresser à ce qui se passe autour d'elle.
Je n'ai lu que deux romans de Tatiana de Rosnay. D'ailleurs je remercie Sandrine pour ce livre voyageur. Quoi qu'il en soit, ma préférence va à Elle s'appelait Sarah. La deuxième Guerre Mondiale me parle plus. Cela a été un grand pavé de mes cours d'histoire de terminale. J'ai lu beaucoup à ce sujet et cela me passionne encore. Dans Elle s'appelait Sarah, niveau historique, c'était le Vel d'Hiv, sujet caché par les autorités françaises.
Tatiana de Rosnay nous offre quand même de très beaux pans d'histoire. Dans Rose, c'est la construction et l'amélioration de Paris par l'Empereur et le Préfet. Modernisme est le mot clé afin d'offrir aux Parisiens de larges avenues qui permettront d'écouler tout le trafic. Mais les conséquences sont quand même désastreuses puisque de nombreux propriétaires ont été expropriés et qu'ils ont dû quitter Paris. A-t-on rendu Paris aux Parisiens ? Pas forcément. Pour nous qui connaissons le Paris d'aujourd'hui et qui la considérons comme la plus belle ville au monde avec ces grands bâtiments Haussmaniens, ces grands boulevards, ces larges avenues, on imagine très bien quand même toutes ces petites rues qui peuvent exister encore et qui font aussi le charme de Paris.
On vit avec Rose dans ces mots qu'elle adresse à son époux décédé. Elle nous livre une sorte de testament. On aime qu'elle revienne sur sa vie, sur sa rencontre avec son mari, sur son amour, sur ces moments tendres partagés avec le seul homme qu'elle a aimé de toute son âme, sur ses grossesses, ses enfants, et en particulier son fils Baptiste, les personnes qui ont partagé sa vie. On assiste à son évolution en tant que femme jusqu'à ce qu'elle soit une vieille dame qui n'a pas hésité à s'instruire encore plus. On prend part à son combat et on la comprend. Ce qui fait également la trame de ce roman est un secret qu'elle va dévoiler. Un secret horrible qu'elle a tenu caché pendant de nombreuses années et qui ne créera aucune conséquence négative pour ceux qui restent. Au départ, on pense à l'adultère mais c'est franchement pire. L'angoisse est présente lorsqu'elle nous livre quelques mots au fil des pages.
Pour tout, on avance à pas feutrés. Tout est distillé au compte goutte pour nous faire avancer et comprendre cette femme, son destin et ce qu'elle a choisi.
Quant au dénouement, je ne m'y attendais pas. Bravo à Tatiana de Rosnay !
Le monde est cruel mais il faut des gens qui se battent pour un idéal. Même si cet idéal ne peut pas aboutir.
Tatiana de Rosnay nous a offert quelques questions sur les tenues des femmes à cette époque ou celle d'avant. Des questions que l'on ne se pose pas puisque nous sommes habituées à autre chose. Des questions existentielles (comme aller aux toilettes, toilettes qui n'existaient pratiquement pas, comment faisaient-elles avec leurs robes longues et leurs corsets ?)
Angélita
7
Écrit par

Créée

le 26 nov. 2011

Critique lue 567 fois

2 j'aime

Angélita

Écrit par

Critique lue 567 fois

2

D'autres avis sur Rose

Rose
AlexandreKatenidis
8

Les souvenirs face à la modernité

Cette veuve d'âge mûr, pour la fin du XIXe siècle, apprend que l'immeuble où elle réside va être détruit, en raison du projet d'alignement provoqué par la percée de la rue de Rennes et du boulevard...

le 8 août 2024

Rose
LeMédiathécaire_DeCl
8

L'avis de Fadette, lectrice à la Médiathèque de l'Orangerie de Claye-Souilly

Ce boulevard Haussmann si réputé à l’heure actuelle a été « un drame » pour Rose. Un roman à suspens, des personnages attachants. La folie humaine racontée avec douceur. Fadette

le 2 juin 2015

Rose
Joelle16
5

mièvre

déçue par ce livre alors que j'avais aimé tous les autres romans de l'auteur: les personnages sont mièvres et seule la fin compense cette mollesse

le 14 août 2012

Du même critique

Le Revenant
Angélita
9

Critique de Le Revenant par Angélita

EN 1823, Hugh Glass participe à une mission comme trappeur dans l’Ouest américain. Mais il est gravement blessé par un grizzly. Le chef de l’expédition, Andrew Henry, décide que deux hommes doivent...

le 30 août 2014

10 j'aime

Alex
Angélita
9

Alex de Pierre Lemaitre

Alex est belle, elle a 30 ans, elle travaille comme infirmière intérimaire, elle porte toujours des perruques, notamment du roux. Elle n'a pas confiance en sa capacité de séduction. Dans le métro, le...

le 6 juin 2011

8 j'aime

2

Northanger Abbey
Angélita
8

Critique de Northanger Abbey par Angélita

Catherine Morland a de nombreux frères et soeurs. Elle a un père, membre du clergé. Elle n’a jamais été attiré par les études et l’art. Elle se comportait en garçon manqué. Mais vers 15 ans, elle...

le 20 juin 2015

6 j'aime

1