Écrivain à succès qu'on ne présente plus, Stephen King, connu pour son terrain de jeux - l'horreur et le fantastique, est avant tout un écrivain qui sait écrire, peu importe le sujet. Sa maîtrise de l'écriture passe bien évidemment par le choix des sujets en question : il faut reconnaître que King est très bon lorsqu'il s'agit de se pencher sur des situations réalistes : alcoolisme, violences conjugales, mais aussi panne de l'écrivain, détresse personnelle, relations familiales, amoureuses et j'en passe...
Rose Madder est un bon livre, un livre qui aurait pu être écrit par une femme victime de violences conjugales tant ce qu'on y découvre est criant de vérité et de réalisme. En choisissant pour héroïne une femme, ce qu'il fait assez rarement, King se glisse dans la peau d'un personnage complexe et détruit, en quête de liberté et d'une vie nouvelle. Il parvient également à se glisser dans la tête - totalement malade - de son psychopathe de mari, flic, qui n'a de cesse de la retrouver pour régler ses comptes avec elle. A aucun moment King n'utilise le pathos de manière à faire prendre parti au lecteur, non : c'est bien plus subtil que cela. En choisissant les bons mots, il nous amène à considérer non pas cette femme comme une victime mais plutôt comme une survivante, comme un être fort, en devenir certes, mais absolument pas passif. Il fait preuve ici d'une fine psychologie et d'une grande humanité qui font de ce roman quelque chose d'un peu à part dans son univers.
La partie fantastique, pour le coup, m'a moins plu que la toile de fond : alors oui, c'est toujours très bien écrit, mais ce n'est peut-être pas assez prenant, peut-être trop onirique, aussi. On comprend bien sûr que Rose Madder est une sorte d'alter ego de la vraie Rose, et il y a tout un travail symbolique derrière le monde du tableau, mais on est presque devant du déjà-vu - c'est trop simple, finalement, on s'attend à mieux parce que King nous y a habitués.


Rose Madder reste un bon roman, qui traite avec justesse d'un sujet épineux et encore tabou dans nos sociétés : les violences conjugales. Un thème difficile à aborder qui démontre, s'il le fallait encore, la propension de S.King à coucher sur le papier avec justesse n'importe quel sujet, aussi polémique soit-il.

Ann_ONyme
7
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le 18 juin 2016

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Ann O'Nyme

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