Il est assez surprenant qu'Anthony Horrowitz pour conclure sa série Alex Rider ait choisi de faire un spin-off sur un personnage apparu seulement deux fois au cours de la série et plus précisément sur un tueur à gages, pour une série jeunesse. Du moins, quand on ne connaît pas le bonhomme et son travail. Sans spoiler, la conclusion d'Alex Rider avant ce "Roulette Russe" était déjà très loin du "Happy End", cela reste donc dans la continuité.

"Roulette Russe" revient sur l'adolescence de Yassen Gregorovich, personnage énigmatique déjà rencontré dans les tomes 1 et 4 de la série et source de révélations relativement explosives sur la famille d'Alex. Horrowitz n'a jamais vraiment caché son affection pour ce personnage et je trouvais personnellement intéressant qu'il le développe dans un spin-off. La série, par ailleurs, avait selon moi commencé à s’essouffler et le final m'avait laissé un peu dubitatif bien qu'elle soit des plus cohérentes. Mais ce dixième tome est une conclusion brillante, car il propose ni plus ni moins qu'un "miroir" inversé du personnage d'Alex Rider. "Roulette Russe", c'est un peu une version contemporaine d'Oliver Twist, qui décrit la lente construction - et surtout déconstruction - de la personnalité de Yassen Gregorovich et de ses similitudes avec Alex. Mais Yassen a choisi la voie "sombre", contrairement à Alex...Ce que le livre sous-entend très bien, par ailleurs, c'est que la frontière entre mal et bien est somme toute plus mince qu'on pourrait le penser. Horrowitz ne s'est pas compromis dans le cliché du "monstre aimable" (pour ça, il a toujours ses antagonistes "James Bondien", presque parodiques), Yassen est touchant, émouvant, même et sans réellement l'excuser, son histoire justifie assez bien les extrémités auxquelles il a été réduit pour survivre. Comme d'habitude le style est simple mais efficace, Horrowitz sait efficacement doser émotion et action. On peut regretter - c'est un défaut que je trouve récurrent chez lui, par ailleurs - que la dernière partie, pourtant un pivot primordial dans l'évolution et le devenir de Yassen paraisse un peu expédiée.

"Roulette russe" est un spin-off bien mené, un livre efficace - qui ne requiert que d'avoir lu "Stormbreaker" si on ne souhaite pas lire toute la série mais ce serait dommage - peut-être un rien maladroit en terme de développement narratif (très détaillé dans ses deux premiers tiers,trop précipité dans son dernier tiers) et ne prenant pas le parti de rendre le personnage d'Alex rider, dont l'évolution est terminée dans la série, trop présent. Il se contente d'être le point final du livre. Mais quel point final.
SubaruKondo
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le 31 janv. 2015

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