Rue Castellana Bandiera, Emma Dante , Éditions du chemin de fer (traduit par Eugenia Fano)
Palerme, une rue étroite, deux voitures face à face. Aucune conductrice veut reculer pour laisser passer l’autre. Dans la Fiat Punto, la famille Calafiore, 6 personnes et deux enfants. Dans la Fiat Multipla, deux femmes en pleine dispute de couple.
A partir de cette idée assez simple, Emma Dante construit un roman étonnant, truculent par la langue, qui décrit deux femmes aux caractères trempés et opposés, toutes deux à un moment de leur vie où elles doivent faire un choix crucial.
Ce qui surprend en premier chef, c’est la langue de la famille Calafiore qui communique en langue sicilienne, brillamment traduite par Eugenia Fano en un occitan réaménagé, pour montrer toute la violence de la famille (cf. la note de la traductrice). Et c’est réussi, pas toujours simple à lire au début où l’on se réfère au glossaire et vite on l’oublie se plaisant à lire les mots, les sons sans rien rater du sens général de la phrase.
Dans l’autre voiture, Clara et Rosa, les deux jeunes femmes en crise parlent une langue moins imagée, classique dans laquelle les choses sont dites néanmoins, mais de manière plus policée.
Emma Dante dresse les portraits de gens pas banals, aux caractères forts. Rosa et Samira, la conductrice de la Punto se questionnent sur le sens donner à leur vie, sur leurs passés et leur avenir.
J’ai beaucoup aimé, c’est très bien fait, original et beau.