"Les histoires d'amour finissent mal, en général..." une bonne partie des boomers francophones connaît ce fragment , cette pépite de la culture french pop extraite de la chanson "les histoires d'A" du groupe Rita Mitsouko. Les histoires d'amour peuvent finir mal, surtout quand les protagonistes doivent lutter au sein de leur famille pour faire accepter qu'il ne peut en faire autrement, qu c'est lui ou elle et pas un ou une autre, que l'on s'en fout du qu'en dira-t-on, que l'on s'en tamponne de la tradition, que l'on s'en balek de la religion, que l'on s'en contrecarre de la nationalité. C'est lui ou elle et c'est tout. C'est tout? Non, ce n'est pas tout, ce n'est que le début. C'est en tout cas celui de "Rue Mexico", le nouveau livre de l'autrice allemande Simone Buchholz, paru chez l'Atalante , dans sa collection Fusion.
A Hambourg comme dans d'autres grandes villes, des voitures sont brûlées sur le parking dans la nuit ou au petit matin. Sauf qu'ici, il y a un corps, celui de Nouri Sarouthan, fils d'une famille faisant du trafic à Breme. La procureure Chastity Riley, avec le flic Stepanovic, va être mobilisée sur cette affaire mais aussi chargée de trouver une mystérieuse rousse que fréquentait Nouri et pourrait être soit en danger soit potentiellement soupçonnable de ce fait divers morbide. Mais Chastity va-t-elle garder la tête froide avec le retour de Turquie d'Inceman?
Un an après la sortie de Béton rouge, Chastity Riley revient avec ce nouvel opus initialement sorti en Allemagne en 2018 et primé en 2019 du pprix du meilleur polar allemand. Les lecteurs de Buchholz ne seront pas déroutés car la forme et le style singuliers de l'autrice sont toujours là. Saluons encore le travail de Claudine Layre, fidèle traductrice. Dans cette épisode, on ne peut pas dire que le personnage de Chastity Riley soit omniprésent dans cette histoire, au contraire. et ce n'est pas si grave car les histoires de Nouri et Aliza suffisent pour faire tenir ce récit qui navigue entre la ville des musiciens, Breme, et celle des besogneux, Hambourg. Simone Buchholz réussit encore et encore à embarquer son lectorat, quand bien même il faut bien l'avouer il n'y a plus forcément la même surprise formelle qu'en ouvrant "Nuit bleue" il y a deux ans, il reste toujours le plaisir de lecteur et sa façon de s'approprier un grand thème, ici celui de l'amour impossible, et pas abordé uniquement avec Nouri et Aliza. Mais n'en déflorons pas plus et ne faisons pas passer "Rue Mexico" pour un feuillet parfumé à l'eau de rose. Ca sent la pollution et le kérosène et c'est ce qu'on lui demande.