Les différents textes composant la matière de cet ouvrage ont été rédigés entre 1925 et 1932, avant le départ de Siegfried Kracauer d'Allemagne en mars 1933. Certains d'entre eux sont emprunts d'une étonnante modernité. D'autres font ressurgir un monde entièrement disparu qui participe, à la manière d'un négatif, à nous révéler le notre. Il faut un certain temps pour s'habituer et pleinement mesurer la valeur de la forme expressive de Kracauer. Son écriture, qui dans un premier temps peut sembler confuse, procède par associations successives qui finissent par dévoiler la grande richesse de leur contenu. Si bien que, dans un processus que l'on retrouve au contact de toutes les grandes œuvres, c'est notre regard sur les choses qui se modifie au cours de cette lecture; nous laissant deviner le foisonnement invisible au-delà de l'immédiateté. A l'égal de celle de son ami Walter Benjamin, avec laquelle on découvrira de nombreux points communs, il faut redécouvrir l’œuvre si diversifiée de Siegfried Kracauer qui reste en France très largement sous-estimée.