Troisième lecture de la sortie récente de Huysmans en Pléiade, cette courte nouvelle au style faussement informel (le style reste pur et fluide, en progrès constant) est un récit de guerre...sans aucune bataille. Balloté entre une organisation catastrophique entre soldats poivrots et réjouis, l'enrôlement s'arrêtera avant même d'avoir commencé en se muant par une tournée des hôpitaux qui seront autant de prétextes à des blagues potaches et désertions temporaires pour faire bonne chère, bon vin et bonnes femmes.
Ce récit qui prend une tournure étonnante de colonie de vacances à la sauce Pieds Nickelés prend à contre-pied les récits habituellement plus larmoyants et graves sur la guerre et expose en cela encore davantage son absurdité et sa désorganisation légendaire, préfigurant l'Art de l'absurde post-guerre mondiale à la sauce comique et bon enfant.
Ressemblant plus à une sorte d'article biographique teinté d'ironie, ce Sac au dos ne raconte ainsi pas grand chose et fera davantage passer le temps grâce à sa prose fluide et bon enfant, s'amusant à détruire encore, comme de coutume, tous ses protagonistes sauf l'infirmière qui est bien là seule figure romantique du livre, que l'auteur fermera vite par un retour au prosaïque complice qu'il notera dans un éclair de lucidité. Par rapport à Marthe et aux Sœurs Vatard qui le précèdent, Sac au dos gagne en fluidité tout en réintégrant l'avatar de l'auteur dans les mêmes préoccupations prises ici sous un ton plus léger.