Déménagement oblige, on ressort les vieux bouquins d'enfants des rayons et on les fourre dans des cartons -vide grenier, à garder... Et là c'est le drame. Parce que, oui, dans mon souvenir, Roald Dahl, c'était rigolo, sympathique!!
Mais alors là pas de bol... D'autant qu'il a fallu que ce soit ce bouquin là, alors que je viens juste de finir Femmes, Magie et Politique de Starhawk. Vraiment pas de bol.
Parce que c'est facile de taper sur les sorcières et d'en faire des mangeuses d'enfants. Parce que sous l'aspect rieur et plein d'entrain du bouquin, les archétypes formateurs de la pensée avancent masqués.
On me rétorquera aussi que c'est simplement un livre pour enfants. C'est peut être pour ça que ça me chagrine autant. Car le fait de recycler une caricature du type "sorcière", même dans un livre amusant, fait écho aux paradigmes manichéens renforcés par des siècles de patriarcat catholique, et ignore superbement des enjeux liés aux symboliques qu"il transmet.
Alors comment dire... Oui, jai été un poil douchée à la relecture.
Je ne suis pas là pour pas épiloguer trois heures sur les conséquences bien connues de la diabolisation chrétienne des figures des religions paiennes, dont l'un des piliers était le culte du féminin divin et ses rites liés à l'énergie de la terre et de l'obscur.
Rapellons juste si besoin que des femmes innombrables, pour avoir voulu vénérer la terre plutôt que le ciel, pour avoir cherché le divin dans ses profondeurs plutôt que dans l'aveuglement des lumières écclésiastiques, pour avoir refusé de réduire les mille facettes des divinités féminines à l'unique entité permise par le catholicisme, à savoir la Vierge, ont connu le privilège bien envié de constituer, de génération en génération, autant de boucs émissaires des mieux trouvés.