L'an dernier, le podcasteur Henry Michel avait lancé sans doute l'une des émissions les plus drôle que j'ai écoutée, Spoiler Arrière où lui et ses copains faisaient le débrieffing d'un chapitre d'un S.A.S. ("Rendez-les vivants") qu'ils venaient de lire. C'était rigolo à suivre parce que les résumés étaient tellement fidèle et remplis de conjectures qu'au final, on arrivait à suivre l'histoire, tout en ayant assez distance avec ce qu'il s'y passait pour en rire. Il faut dire que les suppositions bidons, les moqueries sur les actions de Malko Linge et sur le style "Gerard Devilliers" (et de ses collaborateurs littéraires) en firent un podcast assez comique.
Du coup, lorsque j'ai retrouvé SAS contre CIA dans des vieilles affaires, j'ai commencé à le bouquiner avec la promesse de bien me marrer. Or, est-ce que Gerard Devilliers n'avait pas encore ses tics d'écritures (surtout celui visant à placer des marques et à faire du name-dropping) mais finalement, j'ai rien retrouvé de ce qui m'avait amusé la première fois.
Déjà, Malko est loin d'être le branleur qu'il est habituellement. Dans les dernier romans, c'est limite s'il attend que l'affaire se fasse d'elle même. Alors, certes, son affaire se joue grâce à des gros coup de pots et des coïncidences pas possibles, alors, certes, le complice de Malko, Derieux est sévèrement plus burné que lui mais on le voit effectuer une enquête, il a le droit à pas mal de scènes d'actions, il a de la déduction et qu'il est capable d'avoir une mémoire photographique.
Certes, Malko semble parfois moins futé que le lecteur en ne voyant pas le méchant avec ses gros sabots, mais le lecteur est spoilé par le résumé derrière la couverture. (Sauf si comme moi vous avez un exemplaire avec le résumé du précédant S.A.S.) Bon, il se fait avoir comme un bleu durant le bouquin parce que monsieur est un obsédé sexuel qui n'est pas capable de passer une journée sans draguer (et il se fait hameçonner comme un bleu et ça se voit à 15 000 km) mais ça reste encore potable.
Je suis positivement étonné que l'auteur reste assez sobre sur ses habituels tics racistes / ses jugements à l'emporte pièce et ses remarques sur l'infériorité des autochtones. Ok, ça montre un Iran très pauvre, mais ça date de 1965, du coup, j'ai du mal à juger si c'est exagéré ou proche de la réalité de l'époque. Idem, je m'attendais à des scènes de cul et c'était hyper soft.
Le reste ressemble à un roman d'espionnage classique, très teinté de James Bond (c'est la période qui veut ça) : des enjeux politiques avec des espions russes, un militaire qui tente de projeter un coup d'état visant à détrôner le pouvoir, des histoires d'armes planqués et d'argent volés. On ne va pas tomber de sa chaise. C'est tout au plus distrayant et seul les dernières pages terminent sur une fin stupide qu'on croirait tiré d'une sitcom romantique.
Bref, c'était pas suffisamment nanardesque pour m'amuser, mais pas suffisamment bien écrit pour me distraire. C'était moyen. Je n'en lirais pas d'autres. Pas merci Henry Michel.
PS : Le titre est franchement trompeur. On s'attend à ce que Malko double la CIA en réalité il agit pour elle du début à la fin. Juste qu'il double un ou deux agents de la CIA, dissident, qu'on ne verra jamais.