Un potentiel de récit captivant non exploité

De la Sibérie à l’Australie, Sarah Marquis, aventurière pour le National Geographic, nous raconte dans ce livre son voyage de 3 ans, seule à pied à travers l’Asie. Avec pour mission d’être le petit pont entre les hommes et la nature, Sarah Marquis a beaucoup à nous apprendre sur les territoires inexplorés qu’elle a traversés. Pronant une philosophie de vie axée sur l'instant présent "un petit pas après l'autre" Sarah Marquis est une véritable source d'inspiration et modèle de résilience ! Malheureusement la structure rédactionnelle du livre peine à captiver le lecteur et à lui retransmettre les si belles valeurs de l'auteure.

En débutant ce livre, je n’avais pas d’attentes particulières. Lire un livre racontant un voyage, voilà ce que j’allais faire. Et c’est ce qu’il s’est produit ! Je n’ai pas été surprise, pas été émue et pas été tenue en haleine de découvrir la suite. Pas de dénouement surprenant, pas de fin mémorable, rien d’inattendu, rien de captivant. Un livre qui s’inscrit bien dans la philosophie de Sarah Marquis, qui ne cherche ni l’exploit ni l’exceptionnel. Alors on tourne les pages les unes après les autres sans réfléchir à ce qu’il y aura après et bien souvent il n’y a pas grand chose. Il faut de la volonté pour finir ce livre car il n’y a pas d’indices qui nous pousseraient à continuer. Mais au fil des pages cette volonté est bien difficile à trouver...

Ce livre est un parti pris. Ou peut-être seulement le style de Sarah Marquis. C’est un livre très narratif et descriptif. Très centré sur la marche et la géographie des lieux qu’elle traverse. Le discours et le ton employé n’ont rien de surprenant. Le livre est bien écrit mais il n’y a pas de style d’écriture particulier. Je crois qu’on peut y retrouver un peu la personnalité de l’auteur, mais il est certain que la passion de l'auteure se retransmet mieux dans ses interviews que dans ses écrits.

On le voit au fil des pages, Sarah Marquis a une force intérieure incroyable, des capacités de dépassement de soi, de persévérance et de résilience supérieures à beaucoup d’entre nous, et cela ne peut que générer l'admiration. On a envie d’en savoir plus, on a envie de connaître Sarah Marquis, de savoir ce qu’il se passe dans sa tête.

Et c’est là le problème, derrière l’exploratrice, on ne sait pas qui est la vraie Sarah Marquis. On ne connaît pas ses failles, ses doutes, ses peurs, ses faiblesses et ses vulnérabilités. Elle ne se livre pas en profondeur. Ce qui résulte d’une difficulté pour le lecteur à s’identifier, s’attacher et peut-être même à ressentir de l’empathie pour elle au travers de son récit. Son personnage n’est ni attachant ni destable, à l’image de son livre, on ne peut pas vraiment l’aimer ou le détester, tant il ne génère que peu d'émotions chez le lecteur.

C’est dommage car on veut savoir ce qu’il se passe dans la tête de Sarah Marquis, on veut rentrer dans son intimité. Mais tout reste très superficiel sur la marche et son trajet. On a juste l’impression que c’est un livre plus écrit pour elle que pour nous, un livre descriptif qui lui permettra de se rappeler des éléments techniques de son voyage. Car on ne sens pas que le lecteur a été pris en compte dans l’écriture. En effet, on ne se sent pas mis en avant, ni impliqués. Or, quand on lit un livre on veut avant tout une histoire et non un descriptif. Et Sarah marquis avec son récit de voyage n'a pas cherché à nous captiver. Alors il n'y a pas d’attente, pas de suspens, donc rien qui nous pousse à tourner la prochaine page.

Au vu de son parcours d’exploration et des difficultés qu’elle a surmontées, on a aussi envie qu’elle nous donne des clés. Mais là aussi cette attente n’est pas satisfaite. Je me suis quand même un peu retrouvée dans son envie de trouver des espaces préservés et sans humains, mais bien souvent j’ai eu du mal à comprendre comment sa recherche de solitude était viable pour son bien être mental. Là aussi, il manquait des clés pour la comprendre.

Dans ce livre, les passages vraiment intéressants pour le lecteur sont trop peu présents et je ne retiendrais que celui ou elle explique pourquoi elle est devenue végétarienne. Il manque des réflexions profondes et pertinentes pour le lecteur. Ainsi, même si on ne peut qu’admirer sa résistance et sa force mentale pour vivre tant isolée aussi longtemps, je viens à penser que les qualités de Sarah Marquis résultent plus de qualités intrinsèques à sa personnalité que le résultat d'un travail qu'elle aurait fait sur elle-même.

Finalement, au vu des qualités d'exploratrice de l'auteur et de son incroyable chemin parcouru, il y avait beaucoup de matière pour rédiger un chef d'œuvre. Mais le problème principal de ce livre, c’est qu'il n'a pas été écrit pour élever nos connaissances, ni pour nous faire ressentir des émotions.

Conclusion

Est-ce que je recommanderais de lire ce livre : oui

Est-ce que je relirais ce livre : non