Sauver Ispahan, c'est la suite de l'Abyssin. On retrouve Jean-Baptiste Poncet et Alix, vingt ans après leur fuite. Ils se sont installés en Perse, ce royaume raffiné qui se laisse un peu aller et ne réagit pas aux menaces des Turcs, des Russes et des Afghans qui cherchent à le dépecer.
Le roman commence par un gros mensonge, dont les conséquences vont prendre effet tout au long du récit et développer des effets inattendus, dans un contexte très fragile. On va suivre le périple de Jean-Baptiste vers la Russie de Pierre le Grand, ainsi que les début de la déroute d'Ispahan, dans un enchaînement d'événements qui vont nous permettre de vivre de nombreuses aventures, des découvertes fascinantes.
Ruffin manie son récit avec humour, il nous fait voyager, nous emmène dans des endroits incroyables (le pillage de tombe est un de mes moments favoris), nous fait traverser des montagnes, nous fait vibrer, nous fait rire avec son Bibitchev et ses queues de loutres, nous émeut avec De Maillet (qui a véritablement existé) et son Telliamed, nous emmène au coeur des harems, nous fait découvrir les parfums d'une civilisation sur le point de s'écrouler, nous amène à dos d'éléphants, nous fait visiter un village de déportés suédois... bref, nous fait vivre des grands moments d'aventure, le tout dans un contexte historique très documenté, précis quand il le faut, et foisonnant d'imagination quand l'écrivain doit combler les trous de l'Histoire.
J'ai passé un moment très agréable en compagnie de ce livre, je m'en souviendrai longtemps.