Quand je dis aux autres que je suis pessimiste, on me regarde souvent - en fait tout le temps - avec effroi. Pensant alors que je verse dans la mélancolie démissionnaire et fataliste.
J'essaie pourtant en de vaines explications de faire comprendre à la personne qui m'écoute que le pessimisme est loin de tout ça. Au contraire, il se débarrasse d'illusions réconfortantes, de la transcendance facile et des fantasmes pathologiques. A mes yeux, le pessimiste est du genre à qui on ne l'a fait pas et ne se réfugie ni dans le déni ni dans le mensonge.
Je savais que Schopenhauer était de cette école et que tout vieux cynique peut relever de sa philosophie. Mais je n'avais rien lu sur lui.
Ce livre est une bonne introduction pour le découvrir à travers deux grands axes :
- Le texte regroupant sa vie, ses citations, ses poèmes, ses voyages.
- Les dessins merveilleux de Frédéric Pajak ( juste du trait en noir et blanc, en vide et plein, il parvient à créer un superbe univers "schopenhauerien"). Je vous invite, si le livre vous tombe entre les mains, à regarder la double page 26,27 un dessin de Nietzsche et sa sœur incroyable !
Alors, certes quelques pensées sont à ce jour discutables, il a un regard très amer sur l'amour et la femme - sa notion du ménage à trois prête à sourire - mais il a aussi quelques fulgurances consolatrices, on peut résumer sa philosophie en ces mots :
" Ma philosophie ne m'a rien apporté, mais elle m'a beaucoup épargné."
- "Quelle folie de regretter et de déplorer d'avoir négligé de goûter dans le passé tel bonheur ou telle jouissance ! Qu'en aurait-on maintenant de plus? La momie desséchée d'un souvenir."
- " On peut concevoir notre vie comme un moment inutilement perturbant dans le repos bienheureux du néant."
-"Le médecin voit l'homme dans toute sa faiblesse ; le juriste le voit dans toute sa
méchanceté ; le théologien, dans toute sa bêtise."
Le pessimiste c'est cet homme silencieux au regard doux. C'est celui qui pèse ses mots avant de parler et a des gestes lents et économes. Il fume souvent et boit beaucoup. Parce qu'il sait bien que la santé est provisoire. Il ne se résigne pas, il se ramasse.
C'est une prise de vie au fond. Moi, je serai toujours Houellebecq et jamais BHL.