Usurpée mais pas dupée
Margo s'appelle en réalité Émeline... mais ça c'était avant qu'on lui vole son identité. Accrochez-vous, le démarrage est pas facile, mais le voyage vaut le détour !L'auteur a construit son histoire...
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le 14 juin 2023
On entre dans ce thriller, ‘Margo’ signé Thomas Martinetti en se disant qu’on a bien de la chance, au chaud, de découvrir cette histoire glaçante d’usurpation d’identité. Théoriquement, on sait tous que cela pourrait facilement nous arriver mais on n’en mesure pas les conséquences. Rien que pour ce fait, le roman de Thomas Martinetti est une excellente chose. De plus, il écrit bien, sacrément bien.
Emeline revient dans sa région natale, l’arrière-pays niçois. Adepte de la course à pied, elle s’appelle dorénavant Margo et endosse le rôle de la narratrice. Agnès, elle en Norvège, s’appelle Emeline. C’est elle la voleuse d’identité. Margo n’a qu’une idée, reprendre son dû et confondre l’usurpatrice. Elle est aidée par l’énigmatique norvégien Terje qui semble, à première vue, vouloir la protéger. Quant à Nae, quel est son rôle ? Et quels sont les liens qui se trament entre Margo et la jeune Ada et son père Robin ?
En développant de nombreux personnages, les approfondissant, leur donnant une épaisseur, une vraie consistance sans tout dévoiler d’eux, l’auteur démontre sa maîtrise de la langue, de la construction d’intrigue et sa capacité à ne jamais perdre ses lecteurs en cours de route tout en leur donnant soif de comprendre, de saisir les fils et de les détricoter pour découvrir la vérité.
Nous embarquant dans des époques différentes, il construit son récit, chaque page trouvant sa place, chaque idée reliée aux autres par des fils qui deviennent progressivement de plus en plus clairs et restent cependant encore mystérieux. Sans l’air de trop y toucher, Thomas Martinetti complexifie le scénario en introduisant des éléments à propos des origines russophones de ses personnages, une appartenance à l’Eglise des témoins de Jéhovah, le poids des traditions familiales… Bref, de quoi densifier encore l’histoire qui devrait se poursuivre et se développer dans les tomes 2 et 3 que j’attends avec impatience.
J’ai beaucoup aimé l’idée de l’auteur d’avoir inscrit la course éperdue de Margo pour reprendre le contrôle de son identité dans une course folle qu’elle s’impose, un marathon dans le dénivelé glacial des fjords de Norvège. L’auteur excelle à décrire cette course physique et mentale, métaphore de la quête d’identité de son héroïne. Bluffant ! Une fois le livre ouvert, il est bien difficile de le poser. Ecriture d’une belle efficacité !
Merci à NetGalley France et à l'auteur pour la confiance accordée.
Créée
le 11 janv. 2021
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