Mélancoliques mimoïdes
Un des romans les plus marquants qu'il m'ait été donné de lire, et qui demande sans doute à être lu et relu pour en saisir toute la portée. L'histoire de Kelvin, rejoignant trois collègues sur la...
le 5 mars 2016
17 j'aime
6
Depuis toujours, je ne taris pas d'éloges sur cet album et cette fois ne fera pas exception. Ça fait quelque chose comme quarante ans que j'ai la chance d'avoir avec moi cette petite merveille, qui, certes, possède une saveur particulière pour moi, puisque qu'un de mes plus lointains souvenirs, c'est celui de ma grand-mère me le lisant. Je ne sais combien de fois je l'ai relu depuis cette époque... Et je continue à le relire régulièrement à l'heure qu'il est.
Ce qui fait à mon avis sa qualité, sa spécificité, et son charme, c'est le talent très particulier d'Arnold Lobel à comprendre les enfants et à écrire (et illustrer) des histoires dont les sujets et les personnages s'intègrent très naturellement à leur univers. Ainsi des peurs spécifiques à l'enfance, comme un nuage dans lequel on voit un monstre qui va nous manger (Nuages), des contraintes liées à la taille des enfants qui ne voient pas la même chose que les adultes (Grand-Pierre et Petit-Jean), de l'indifférence face aux règles de la bienséance (Le Père La Souris). L'auteur sait aussi jouer avec les codes habituels des contes et les détourner (Le puits aux souhaits, La souris et les vents), transformer une histoire qui relèverait du récit catastrophique d'un point de vue adulte en conte facétieux qui fera les délices d'un jeune esprit espiègle (Le bain), jouer avec les fantasmes les plus divers, comme celui de s'acheter de nouveaux pieds quand les nôtres sont usés (Le voyage). Et cet album, c'est aussi une invitation à apprendre à vivre en harmonie avec les autres et à se libérer de certaines conventions un peu absurdes et, il faut bien le dire, un rien bourgeoises. Bref, Arnold Lobel sait se couler dans l'univers de l'enfance avec un talent aussi exceptionnel qu'attachant.
Les illustrations pourraient paraître fades au premier abord pour qui n'est habitué qu'aux livres jeunesse d'aujourd'hui, souvent très colorés ; car, bien que ce livre soit toujours édité à L'École des loisirs, il date tout de même des années soixante-dix. Mais je crois c'est au contraire l'occasion de découvrir un dessin rétro tout en finesse, qui plaira parce que plein d'humour et qui permettra parfaitement à un enfant qui n'a pas encore appris à lire de suivre le scénario avec facilité et plaisir : une fois les histoires connues, il pourra sans souci le feuilleter seul, même si le texte lui échappe, et retrouver le fil du récit. Et il va de soi que vous êtes hautement invités à lire à haute voix, pour les plus petits, ce chef-d'oeuvre de la littérature jeunesse.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes lectures jeunesse, Lu (ou relu) en 2016, Ma littérature nord-américaine et Ma bibliothèque
Créée
le 2 août 2016
Critique lue 262 fois
2 j'aime
Du même critique
Un des romans les plus marquants qu'il m'ait été donné de lire, et qui demande sans doute à être lu et relu pour en saisir toute la portée. L'histoire de Kelvin, rejoignant trois collègues sur la...
le 5 mars 2016
17 j'aime
6
J'ai presque envie de débuter ma critique par "C'est une merde", pour reprendre les propos d'un des personnages de la pièce. Certes, c'est un début un peu vulgaire, mais certainement pas plus que...
le 14 févr. 2019
14 j'aime
7
J'avais commencé par regarder, il y a déjà quelques temps, les conférences en ligne de Michel Pastoureau sur les couleurs à l'auditorium du Louvre. Et c'est parce qu'elles m'ont captivée que j'ai...
le 7 mars 2015
14 j'aime
8