[Avertissement : cette critique est le dixième épisode d’une étude sur Que serai-je sans toi ? de Guillaume Musso. Pour plus de clarté sur le projet :


http://www.senscritique.com/liste/Musso_parce_qu_il_le_vaut_bien/500931


F. M. Musso est un auteur français


Dernière catégorie, et non des moindres, le rapport de M. Musso à la culture.
M. Musso n’a pas eu de chance, il est né en France, (il n’a vraiment pas eu de chance, il a enseigné en Lorraine. Gothic, si tu me lis, spéciale dédicace…) rêvant tout petit déjà d’un destin à l’américaine, qu’il pourra vivre en vendant des glaces dans le New Jersey à l’âge de dix-neuf ans. Sa nationalité va l’obliger à quelques compromis. Au pays de Molière et de Racine, il est facile de tomber sous le feu des critiques acerbes de la part d’une élite totalement détournée des charmes de la littérature populaire.
Mais M. Musso est malin, et a sans doute appliqué à sa propre personne les adages de ses personnage, utilisant contre ses détracteurs leur propre culture.
Car M. Musso est un adepte de l’art, dont il fait l’éloge :


« Pour Martin, le vol d’un bien culturel n’était pas assimilable à celui d’un autre bien. Au-delà de sa valeur marchande, toute création artistique avait quelque chose de sacré et participait à la transmission d’un patrimoine culturel accumulé au cours des siècles. Le vol d’une œuvre d’art constituait donc une atteinte grave aux valeurs et aux fondements de notre civilisation.
Et ceux qui s’y livraient ne méritaient aucune indulgence. » (p. 40)


Son arme secrète ? La citation. L’exergue est chez lui permanente, on la retrouve en tête des 29 chapitres. Le win/win se perpétue : c’est toujours ça qu’il n’a pas à inventer lui-même, et ça donne un cachet indéniable à son ouvrage patronné par toutes les fines plumes libres de droit de la littérature mondiale.
Une tête de chapitre de M. Musso ressemble un peu à l’intérieur d’une papillote ou d’un apéricube : gratuitement, d’une façon souvent décrochée, on vous donne un peu de culture Trivial Pursuit. La littérature numérique a dû considérablement aider notre auteur, qui possède à n’en point douter www.dicocitations.com dans les favoris de son navigateur. Les mots clés « amour », « aimer » « vie » ou « mort » offrent en effet un large éventail de références. Il serait pénible de proposer l’intégralité des auteurs offerts ici en pâture au lecteur. Qu’il nous soit permis d’évoquer certains hautes personnalités de la liste prestigieuse des guests stars de M. Musso : Marc Aurèle, Chrétien de Troyes, Balzac, Proust, Cocteau, Pascal Quignard… du beau linge, comme on dit.
Bien entendu, les autres arts ne sont pas en reste et le name dropping fonctionne à plein régime : tout le catalogue d’Orsay et du Louvre y passe, le protagoniste étant un voleur de tableaux, avec une extension jusqu’à Jeff Koons. Les références cinématographiques vont de Truffaut à Tarantino en passant par Hitchcock, les musicales de Bach à NTM, sans oublier les hippies west coast de San Francisco, Grateful Dead, Mozart, Jacques Brel et la Traviata.


Pour conclure sur le style de M. Musso, deux citations. La première pour saluer son courage dans l’innovation littéraire :


« Elle est trempée de pluie. Elle a froid. Elle tremble un peu.
Il, Elle se reconnaissent. Il, Elle courent l’un vers l’autre.
Ils s’étreignent, le cœur battant, comme on fait la première fois, lorsqu’on y croit encore. » (p. 18)


La seconde en guise de bouquet final.
Ami lecteur, le mix de la mort qui tue, la pizza Gargantua aux quatorze ingrédients, la coupe glacée à 18 boules : l’anaphore + la dichotomie + les phrases nominales + les retours à la ligne + le cliché + la chute avec paronomase. (Pour cette dernière ; il est possible que M. Musso ne soit pas au courant, ce qui n’entame en rien la fulgurance de sa citation.)


« Deux bolides lancés l’un vers l’autre qu’un océan sépare encore.
Deux étoiles filantes qui vont entrer en collision.
Des retrouvailles dangereuses.
Car l’amour et la mort n’ont que deux lettres de différence. » (p. 138)


Comme nous l’avions annoncé, cette simili paronomase est reconduite par l’auteur. Nous précisons que cette occurrence est la première du livre, (l’autre se trouvant à la p.290) le lecteur étant donc d’autant plus impacté par sa force de persuasion.


Episode suivant : la troisième grande partie : « Le roman, vision de l’homme et vision du monde »


http://www.senscritique.com/livre/Skidamarink/critique/35183255


L'intégralité des épisodes :


http://www.senscritique.com/liste/Musso_parce_qu_il_le_vaut_bien/500931

Sergent_Pepper
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le 30 juin 2014

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Sergent_Pepper

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