Un miroir de notre âge 2.0.
Qu'est ce qu'Internet a changé dans les rapports amoureux ? C'est en gros ce que le monsieur explique, plutôt très bien, ma foi. Ça se lit comme un roman, les témoignages sont touchants, réalistes, et l'argumentaire est plutôt solide.
Alors bien sûr, certains trucs semblent évidents, comme toute la partie "faut il embrasser au premier rendez vous" "qu'est ce que les mecs pensent d'une fille qui couche le premier soir" et je me suis beaucoup marrée.
D'autres passages m'ont troublée, comme celui sur l'addiction à la drague sur les sites de rencontre, et l'objectif de chasse (encore un, et encore un, et encore un, c'est tellement facile), le fait de répertorier ses aventures sexuelles sur un blog
D'autres m'ont carrément foutu le bourdon, quand des internautes évoquent leur désillusion consumériste : "le sexe, c'est un loisir comme un autre, et aujourd'hui avec Internet t'as quasiment un abonnement illimité au sport en chambre" (c'est quand je me suis rendue compte que je virais blasée que j'ai arrêté de trifouiller les sites de rencontres, effectivement).
Enfin d'autres passages m'ont énervée, quand il dit que le féminisme 2.0 n'est qu'une vaste blague et que les hommes mèneront toujours la barque sur le fleuve tumultueux de la séduction.
Jugez plutôt : on a donné nos ASV sur Caramail/Voila/ICQ. On a pris un pseudo, et on est allés poster des topics sur les forums hardware.fr, doctissimo ou aufeminin.com. On s'est échangé des adresses MSN, avec ou sans cam. On a reçu une invitation, on a ouvert un compte Gmail. Et puis plusieurs, pour chatter anonymement sur Gtalk. On a classé les messages de chacun avec des libellés en couleur. On a installé des plugins qui avertissent en temps réel de l'arrivée d'un nouveau Gmail amoureux. On a rempli les mêmes profils, avec les mêmes photos sur Meetic & Match. On a ouvert un blog, un Flickr et on a commencé à commenter ceux de ses conquêtes. On a poké un(e) fuckable potentiel(le) sur Facebook. On a adopté des mecs/charmé des filles, ouvert et fermé son compte plusieurs fois. On lui a dédié des playlist LastFm ou Deezer. On a suivi en direct live une cyber love story démarrée via Twitter.
Et on se demande alors, avec une certaine inquiétude si on est encore capable de faire des rencontres amoureuses autrement que via Internet ?
Je décris ci dessus des outils numériques qui m'ont permit, à un moment où à un autre d'initier une rencontre amoureuse. Je ne dis pas clairement pourquoi j'ai utilisé ces outils et quelle était ma démarche en choisissant ceux là, plutôt que d'autres, plus (attention, deuxième tic) textuels.
Internet a fait de moi une mutante numérique, mais je n'ai pas attendu d'être régulièrement connectée pour rencontrer des garçons de manière différente.
Au final, Internet n'est qu'un vecteur qui m'a surtout permit de magnifier mon expression écrite.
Si je préfère rencontrer par ce biais, c'est parce que l'écrit m'est davantage familier.
En fait, ce qui m'a plu dans ce livre, c'est que c'était le premier essai que je lisais sur un phénomène dont moi, et les gens de ma génération sont acteurs et non pas spectateurs.
Un miroir de notre âge 2.0.
A garder chez soi pour se souvenir, pour ne pas collapser raide quand notre éventuel ado de 2030 enverra la première twitpic de #sabite à toute sa timeline.
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