Darren Flynn est un adolescent de seize ans, très populaire dans son lycée et espoir de l’équipe de natation. Pour lui, tout bascule un soir où son professeur d’anglais, Mr Tracy, lui propose de le raccompagner en voiture. Son comportement met Darren mal à l’aise sans toutefois qu’il ne se passe rien d’équivoque entre eux. Quelque temps plus tard Mr Tracy devient l’objet d’une vendetta menée par quelques amis de Darren car le professeur a fait renvoyer l’un des leurs de l’équipe de natation pour avoir triché à un devoir. Ils envoient au directeur du lycée une lettre et des photos et dénoncent leur professeur comme pédophile. L’engrenage se met en route. Implacable.
Ce court roman de Joan Carol Oates aborde à la fois la force de la calomnie, la suspicion qui entoure l’homosexualité et le courage qu’il faut pour aller à l’encontre de ce que tous pensent.
Soyons clair, ce n’est pas le roman le plus abouti de l’auteure. Il me semble rester beaucoup trop à la surface des choses et ne pas explorer suffisamment les thèmes à la base du roman. L’histoire de Mr Tracy est ainsi un peu vite évacuée (je ne dirai pas comment ici) et les adolescents à l’origine de la calomnie s’en tirent finalement à bon compte. Darren, le seul personnage qui ait à mon sens un peu de profondeur, n’attire pas forcément la sympathie mais l’auteure exprime assez bien le tiraillement qu’il ressent entre la fidélité qu’il pense devoir à ses amis et la vérité qu’il faudrait rétablir.
Est-ce parce que ce roman est apparemment destiné à un public adolescent (en tous les cas c’est ce qui est dit dans la présentation du roman par l’éditeur), ce récit est moins incisif, moins percutant que ce que j’ai pu lire jusqu’à présent de Joyce Carol Oates. Ainsi du thème de l’homosexualité et de l’homophobie qui restent à fleur de récit et sans qu’on comprenne bien si cela fait partie des questionnements de Darren. Je n’ai d’ailleurs pas très bien compris à quelle conclusion l’auteure voulait nous amener avec la fin du roman.
Bref, je ne me suis pas sentie véritablement concernée par ce roman dont le thème était pourtant prometteur surtout sous la plume de Joyce Carol Oates dont je connais le talent par ailleurs.