« Kasso », le précédent roman noir de Jacky Schwartzmann m’avait beaucoup plu, il y a de ça deux ans, lors de sa parution en 2021. L’humour noir déjanté avait eu le don de me faire passer un excellent moment de lecture. Cette année, l’auteur revient avec un nouveau titre, « Shit ! », toujours aux Editions du Seuil dans leur collection Cadre Noir.
Jacky Schwartzmann a le génie de mettre en scène un personnage principal, somme toute banal, puisque Thibault Morel est CPE (conseiller d’éducation) dans un lycée de banlieue et d’en faire un héros des temps modernes, ô combien attachant.
Ce Thibault va s’installer dans un quartier sensible de Besançon, à la Planoise, cité désœuvrée où les habitants ont été complètement oubliés des politiques. Dans son immeuble se trouve un four. Qu’est-ce que c’est que ça me direz-vous ? Eh bien, il s’agit d’un lieu fixe de vente de drogues où les acheteurs se présentent en quête de leurs doses de shit. Cet endroit est géré par les frères Mehmeti, deux crapules qui font régner la terreur dans le quartier avec une armée à leurs ordres. Ces deux-là vont se faire tuer lors d’un règlement de compte avec une bande rivale et c’est ainsi que le bien sage Thibault et sa bonne voisine, Mme Ramia, vont tomber sur un stock de drogues. Quand ils vont se rendre compte combien tout ça pourrait leur rapporter, ils vont choisir de modifier quelque peu leur destin ainsi que celui de toute la cité….
Encore une fois, j’ai complètement adoré ce roman noir, parfois un brin burlesque, mais savamment dosé et surtout une bonne dose d’ironie et d’humour. Connaissant très bien le quartier puisqu’il y a lui-même grandi, l’auteur offre un roman noir excellent où l’on se met à trembler pour ce brave Thibault qui semble parfois oublier dans quoi il s’est lancé… Alors qu’on pourrait s’imaginer que les émotions seraient absentes d’un polar de ce type, j’ai trouvé qu’au contraire, on ne pouvait qu’en éprouver : que ce soit bien entendu pour ce personnage central mais aussi pour les autres habitants comme Mme Ramia. J’ai trouvé cette dernière exquise ainsi que ces anonymes qu’au final, on pourrait croiser à bien des coins de rues.
Dotés d’un style très fluide, le livre nous apporte des événements cocasses qui s’enchaînent et on ne voit pas le temps passer. Agréablement surprise par une fin qui a été terriblement bien pensée, je n’ai eu au final qu’un seul regret : arriver à la fin de cette lecture que j’ai tout simplement a-d-o-r-é-e !