Un tome à diviser en deux parties bien distinctes et malheureusement assez irréconciliables.
La première est un plaisir à lire, avec une Richelle Mead qui sort sa plume la plus vicieuse et tordue pour nous décrire un camp de rééducation où la seule limite que s'impose les geoliers est de ne pas tuer leurs victimes. Isolement de plusieurs mois sans lumière, drogues, tortures en tout genre, contrôle du sommeil, mise en place d'une micro-société entre les prisonniers dans un climat de terreur et de paranoïa permanente, création de réflexes pavloviens, perte totale des répères... une machine à broyer les corps et les âmes dans l'unique but de leur apprendre la bonne pensée, la seule qui compte aux yeux de cette secte toute puissante des alchimistes. Il y a évidemment quelque chose de fascinant à voir la face sombre de cette institution, qui a élévé et fait grandir notre héroine, lui a donné un but et un système de pensée, une mission... Rappelons que Sydney était le premier contact que le lecteur avait eu avec les alchimistes voilà maintenant 8 tomes de cela (Vampire Academy tome 4). Sa vision du monde a changé et ce tome nous confirme qu'elle avait bien raison de tenter de détourner de la folie totalitaire de son organisation.
Alors certes, le roman n'en fait pas une vision d'horreur sans fond, comme ça peut être le cas des chapitres de torture de l'Assassin Royal. La nuance se résume à un mot : l'espoir. Sydney croit en ses chances d'en sortir, elle croit en son amour pour Adrian, elle croit que demain sera un autre jour. Sans espoir, le même roman serait assez insoutenable à lire, car aussi forte que soit Sydney, elle finirait par plier ou broyée.
En parallèle, Adrian est une loque. Notre espoir pour sauver Sydney est un personnage loin d'être héroique. S'il avait fait quelques efforts lors des tomes précédents pour essayer se montrer digne de Sydney, la capture de cette dernière et l'abscence de certitude quant à son sort le remet sur la mauvaise pente qu'il suit naturellement. Et cette déchéance auto-provoquée en parallèle des tortures de Sydney rajoute au côté malsain si plaisant du roman.
Et puis il y a la seconde partie, un dernier tiers qui suit l'évasion du complexe (évasion qui tient encore la route). Là on passe dans le grand guignolesque, on utilise la magie à gogo, on parle de faire l'amour alors qu'elle sort de plusieurs mois en camp, on passe au casino, on se marie à Las Vegas en deux minutes, on convaint la reine qui est notre pote qu'elle doit prendre des décisions pourries pour sauver notre amour. Le tout dans une course poursuite assez haletante, mais dont le ton ne sonne pas juste avec la première partie si sérieuse et sombre.