Gyula Krúdy (1878-1933) est à juste titre considéré comme l'un des plus grands écrivains hongrois mais son œuvre, considérable, reste très méconnue en France. Une ignorance tout à fait regrettable que l'on constatera à la lecture de cet ouvrage à l'ironie fraîche et décapante où, au détour des pages, s’immisce la poésie de l'instant . L’errance amoureuse de notre héros dans les anciennes Buda et Pest, ainsi que dans les Carpates de la vieille Hongrie est erratique temporellement. Sindbad, le marin, est tour à tour jeune, vieux et même parfois simple fantôme sans que cela semble pouvoir le troubler en sa quête. Un livre qui vous fera tomber sous son charme avant même que vous vous en rendiez compte.
Et puis, "Quand elle tombe dans les Carpates, la neige a une voix qui lui est propre. Cette voix ressemble à celle du vent qui chuchote en passant près des tours, poursuit son chemin à travers les épaisses forêts et franchit les montagnes silencieuses, pour gagner les vallées qui s'étendent à perte de vue. On croit alors entendre la profonde respiration d'une géante qui dort d'un sommeil tranquille et rêve. " De cette géante aussi, notre Krudy/Sindbad semble bien avoir été amoureux.