Bon. Ça me gêne un peu : c’est la première fois que j’ai vraiment envie d’écrire sur un livre depuis presque deux ans, et ce livre, je ne l’ai pas aimé.
Stephen Baxter, auteur britannique apparu à la fin du siècle dernier, s’est vite taillé une place de choix dans le monde de la science-fiction à coups de romans de « Hard-SF velue », pour le dire platement. En d’autres temps, j’avais évoqué Voyage, Titan et Poussières de Lune, des romans aussi massifs que techniques, saupoudrés d’une sérieuse couche de désespoir. Je m’y étais senti comme un poisson dans l’eau. Etant moi-même un lecteur fasciné par l’exploration spatiale, pas effrayé par les termes techniques pour autant que ça nourrisse mon imagination et ma réflexion, j’étais bien sûr parfaitement dans la cible. Bref : un lecteur de niche, mais un lecteur content (quoiqu’un peu déprimé). Qu’avais-je donc à craindre en m’attaquant à Singularité (Timelike Infinity, en anglais), deuxième opus du Cycle des Xeelees ? L’ennui, apparemment.
D’emblée, un paramètre entre en compte : ce roman est une des premières publications de Baxter. Le problème pour le lecteur qui découvre ce livre bien après les autres, c’est que ça se sent terriblement. Bien sûr, Singularité ne manque pas de bonnes idées. Et pour cause ! Il est ici question de voyages dans le temps, d’occupation de la Terre par des espèces étranges, de phénomènes physiques extrêmes… Comment ne pas être emballé ? Et pourtant tout est plat, sans envergure. Peut-être parce qu’il est difficile de s’attacher à des personnages à peine esquissés, limités à quelques traits de caractère vite expédiés ? Ou plutôt parce que l’auteur case un tas d’idées ardues dans un roman plutôt court, sans paraître vraiment se soucier de leur effet sur le récit ou du rythme de ce dernier ? Quoi qu’il en soit, il se passe ici des choses incroyables, sans pour autant susciter le moindre haussement d’épaule chez le lecteur que je suis. Il y a de quoi être perplexe.
En fait, Singularité ressemble tout à fait à ce qu’il est : un des premiers romans d’un auteur nouveau, qui tâtonne encore. Rien de honteux, mais un peu pénible quand même. Notez que je serais absolument renversé de bonheur de parvenir un jour à écrire quelque chose d’approchant. Finalement, reste le sentiment émouvant d’assister à la naissance (douloureuse, certes) d’un futur grand auteur de la science-fiction. Ce n’est déjà pas si mal.