Sirocco dans l'île et autres nouvelles

Résumé : Depuis quelques jours, une odeur d'oeuf pourri, d'algue et de genêt errait dans l'île. Le printemps avait éclaté brusquement comme une tumeur mûre. De la fenêtre ouverte sur la mer, Paul regardait au loin se graver, peu à peu, dans la vitre opaque de l'horizon, le profil des montagnes, cette vitre ramollir, fondre, se dissoudre dans une aube couleur perle, dans un présage lunaire aux transparences verdâtres. Un vent chaud et humide soufflait de la terre ferme, soulevant sur les pentes de la montagne (un volcan éteint, désormais presque privé de souffle, qui respirait avec peine par les cent bouches de ses fumerolles) une âcre poussière jaune qui retombait avec un léger froissement de pluie sur les genêts fleuris de corolles de soufre. La lettre de Camille était là, derrière lui, ouverte sur la table.