Inégal et sur trop de fronts.

La trame globale est très bonne, relativement originale, et se dévoile progressivement d'un manière très satisfaisante. Les relations entre les personnages sont bien développées, mention spéciales pour les scènes de sexe tout en pudeur sans pornographie exagérée et dans lesquelles les sentiments sont mis en avant.

Alors pourquoi moins de la moyenne?
Parce qu'à force de vouloir faire un personnage unique et exceptionnel, ça en devient tellement caricatural que ça nuit à la crédibilité du récit, qui est déjà limite en termes de survie en forêt.
Même chose pour le fait de vouloir incruster un maximum de revendications et de minorités, sûrement un truc d'états-uniens. La convergence des luttes déjà dans la vraie vie je suis dubitatif, mais en littérature de fiction il faut oublier.
Je récapitule mais j'ai vraiment du mal à aller au bout sans rigoler, notre héroïne est

Noire, albinos avec un nystagmus tellement sevère qu'il l'empêche de lire mais pas de tuer des sangliers avec un arc fait maison, lesbienne, née avec un clitoris hypertrophié mentionné en tout début de roman qui ferait d'elle quelqu'un de pas tout à fait binaire, mais pour toute la suite du roman c'est une femme normale. Et elle va se battre contre un méchant gouvernement oppressif en poussant les revendications des noirs et des indiens qui se sont fait spolier leurs terres, en se promenant la moitié du livre avec deux enfants en bas âge accrochés à la taille par un moyen encore peu clair avec lesquels elle aura survécu sans aide ni matériel en pleine forêt pendant quelques années.

Malheureusement c'est un peu trop.

On sent que l'auteur.e? (se définit non binaire d'après la couverture) a voulu caser un peu trop des sujets qui lui tiennent à coeur. C'est vraiment dommage car le coeur du roman centré sur un communauté de noirs fuyant l'oppression blanche pour se retrouver dans une situation guère plus enviable est percutant dans sa description des dérives de ce type de communautés, tout en restant sans concessions pour la société qui les fait naître.

Comme pas mal de romans lu dernièrement, je me dis que j'aurais mieux toléré ces extravagances et incohérences à 15 ou 20 ans et que je deviens trop exigeant.