Rédigé pour l'essentiel en 1969 et non édité alors suite à un ensemble de circonstances défavorables, cet ouvrage, enfin traduit en français et publié fin 2016 par les soins de La Tempête, est une sorte de livre fantôme qui mérite pourtant grandement l'intérêt du fait des intuitions remarquables de son auteur sur la matière historique, sur sa substance cachée. On fera sans difficulté le lien à la métaphore de Marx sur "La vieille taupe" de l'Histoire et sur la manière dont elle resurgit après avoir pendant longtemps semblé disparue; au grand damne des historiens officiels qui voudraient clore le débat.
Salut à toi Vieille Taupe ! Nous t'attendons avec impatience.
*"L'image que nous nous faisons d'une révolution prend la plupart du temps racine dans les sédiments de l'Histoire, dont la charge messianique a été soigneusement désamorcée. (...) Tous les outils nous manquent, les gestes et les mots sont gâchés par l'effroyable entreprise que constitue l'écriture de l'Histoire par les vainqueurs. (...) Il existe un objectif commun à la révolte et à la révolution, celui de conjurer cet effet aliénant du pouvoir sur les masses et les individus."
"Ce qui importe vraiment du passé est ce dont on ne se souvient pas. Le reste, c'est-à-dire ce que la mémoire conserve ou retrouve, est seulement du sédiment. Une partie du temps éprouvé est véritablement absorbée, comme un aliment digéré par l'organisme vivant. Ce temps continue à être le passé mais il est l'unique vrai passé vivant et vif dans l'esprit et dans le corps. "*