Tellement froid.

Wilhuff Tarkin, c'est avant tout une « gueule ». Une espèce de silhouette fantomatique au visage cireux qui vous glace au moindre regard. Il doit apparaître quinze minutes (à la louche) à l’écran, et pourtant il est entré dans le cercle des personnages cultes de Star Wars. Parce que si l'habit ne fait généralement pas le moine, là si.
On parle ici d'un homme au cynisme à toute épreuve qui prend des décisions génocidaires, et ce dans le plus grand des calmes. La question est de savoir comment et pourquoi l'enfant a pu/dû devenir le monstre implacable que nous connaissons.
La réponse est-elle satisfaisante ? Oui, dans une certaine mesure...

Je vais commencer par énoncer ce qui sont pour moi les défauts majeurs du roman : sa trame principale et son groupe d'antagonistes.
C'est l'histoire du Moff Tarkin, gérant d'une station impériale reculée, occupé à superviser une partie de la construction de la « station spatiale mobile de combat » qui se fait voler sa corvette, le Pic de la Charogne par un groupe de rebelles (ou plutôt dissidents, il n'y a pas encore de Rébellion comme on l'entend), et qui est missionné par l'Empereur pour le récupérer avec Vador. Si vous pensez que c'est chiant, vous avez raison ! C'est fadasse. Je l'ai fini hier et je n'ai qu'une vague image de la mission, car elle peut être intéressante mais elle est mal racontée. Et elle n'est pas aidée par ces proto-rebelles en bois. Ils sont tout un équipage et je ne me souviens que d'un seul d'entre eux. Et encore. On s'en fout d'eux, ils n'ont rien à dire et moi non plus.
J'ajouterai que la fin est décevante, bien que vu l'histoire ce n'est pas si surprenant, elle manque de panache. Si les derniers instants sont sympas, ça manque d'un véritable climax, de quelque chose qui marque vraiment, là ça glisse. En refermant le livre j'ai dit « ah ! Okay ! » et je suis passé à autre chose.

Bon, j'arrête de cracher. Il y a aussi des choses très bien.
Premièrement, Tarkin, et ça tombe bien, vu que c'est le pourquoi du bouquin. Le bougre est fidèle à lui-même : intelligent, froid (ou pensif), calculateur et implacable. Moi qui ne connais du personnage que la version Canon et n'ayant jamais rien lu à son sujet dans l'univers Légendes, je me suis plongé dans son Histoire sans a priori, vierge de toutes influences. Et j'ai adoré. C'est simple, quand il apparaît, on oublie le fil rouge cassé du récit et on se régale à en apprendre plus sur le bonhomme. Sa jeunesse sur Eriadu, son intégration et son ascension au sein de la République puis de l'Empire, sa relation avec Palpatine... On parcours ses flashbacks très rapidement et on en veut plus. On a ensuite la relation Vador – Tarkin. Dark V' – devenu réfléchi et homme de peu de mots – écrase tout le monde de sa présence, dans chacune de ses apparitions, on l'imagine parfaitement, toute cette rage contenue... J'aurai aimé le voir plus néanmoins. Tous les dialogues entre les deux sont passionnants, on sent une certaine tension détendue, les doutes du Moff quant à la véritable identité du seigneur Sith tandis qu'il se plonge dans les globes insondables du masque noir, presque désireux d'établir une connexion. Franchement, c'est beau. Enfin, on en apprend plus sur l'organisation impériale, sur le rôle des Moffs, on a un peu de politique (pas assez à mon goût) et c'est très appréciable.

Voilà. Je finis ici et je vous recommande ce livre ne serait-ce que pour Tarkin et Vador, mais vous pourriez vous ennuyer un tantinet entre leurs entrées. Je ne parlerai pas du style de James Luceno à part qu'il ne m'a pas marqué. Il sait développer ses personnages principaux, et c'est déjà bien. J'avais lu La Force Unifiée, et même constat. Je dirai juste qu'il m'a appris un nouveau mot, la syzygie. Et pour ça, merci.