Et voilà, enfin lu le fameux, l'incontournable, le must read de l'écriture de scénario... Et ça va. Ca va parce que la traduction française a quelque chose de pesant, le texte original l'est peut-être mais comme me l'a justement fait remarquer ma copine, quand une traduction est nulle ça sent très vite le faisan... En dehors de ça, McKee balance quelques vérités qu'il est bon de rappeler (à l'instar d'un Aristote, à qui McKee doit beaucoup) et ajoute un peu de son grain de sel, parfois pour le meilleur (l'équilibre des scènes entre elles) et parfois pour le pire (l'approche trop théorique 1 film = 60 scènes).
McKee ne s'encombre pas des exemples européens (cinéma qu'il rejette visiblement, pour son manque d'action, même s'il reconnaît le génie d'Ingmar Bergman) ni des classiques (en dehors des inévitables Casablanca et Chinatown), il se concentre sur les films américains des années 70 à 90, sans trop s'aventurer sur des terrains dangereux en prenant soin de ne garder que des exemples clairs, concis, faciles à analyser, qui ne bouscule pas trop les codes. C'est là le hic dans ce livre, le fait que McKee énonce un propos somme toute intéressant mais craint de le démontrer par A+B quel que soit le film qu'il croise. Cela conduit irrémédiablement à une conception néo-classique du scénario qui ne tient plus aujourd'hui trop la route face à des monstres d'écriture comme Christopher Nolan ou ce qui se fait en séries télévisées.
Qu'importe : Story contient suffisamment de pistes de réflexion, de conseils, de remarques pertinentes ou non (lesquelles conduisent à la remise en question, ce qui me semble tout aussi important) pour que la lecture de l'ouvrage ne soit pas trop pénible. A réessayer en vo une fois les concepts assimilés, sans doute.