Sugar Street
Sugar Street

livre de Jonathan Dee (2022)

Un homme, sans nom, en route pour une destination inconnue avec sous le siège de sa voiture une enveloppe remplie de 168 548 dollars. Une ville avec laquelle il n’a aucun lien et dans cette ville, une rue, Sugar Street et une femme, Autumn à qui l’homme va louer un studio. Cette ville, cette rue, vont devenir le lieu idéal pour commencer une nouvelle vie et se fondre dans un nouveau décor.


Dans ce roman de Jonathan Dee, le lecteur apprend très vite que le héros sans identité fuit quelque chose et se cache. L’auteur glissera quelques explications au fil du récit, vraies ou fausses, on ne le sait pas complètement. Mais finalement ce n’est pas ce qui compte.


L’auteur nous livre surtout ici son analyse de nos sociétés modernes et de la difficulté pour les hommes et les femmes qui la composent de disparaître totalement des radars. Dans notre monde hyper connecté, difficile en effet de ne pas être repéré, suivi, transformé en données. C’est pourtant ce que tente de faire l’homme de ce roman.


Une fois encore, Jonathan Dee démontre ici tous son talent pour dresser le portrait d’une Amérique de l’exclusion et de l’inégalité avec l’histoire des familles réfugiées dans cette petite ville anonyme. A travers le regard de son personnage principal il étudie au scalpel les dysfonctionnements de la société, les oppositions entre les différentes catégories sociales, les injonctions qui nous sont imposées et la difficulté, finalement, à ne pas être entravé par tout ce qui nous est dicté.


On ne va toutefois pas se mentir, le personnage que nous décrit Jonathan Dee n’encourage pas une sympathie immédiate. En se tenant loin de tout, en adoptant un comportement qui confine à la paranoïa, en entretenant une relation loin d’être amicale avec la logeuse, il semble parfois bien désagréable à suivre. Mais c’est sans doute là notre esprit social qui prend le dessus et qui juge l’extrême liberté que le personnage souhaite atteindre au risque de se rendre inaccessible aux autres. Car finalement, cette extrême liberté est aussi une extrême solitude.

Christlbouquine
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le 16 févr. 2023

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