Sur la télévision

Je pense que ce livre est important et que tout le monde gagnerait à le lire.
Les critiques que l'on trouve le plus souvent concernant les médias (TV, radios et journaux) restent très superficielles en dénonçant par exemple le fait qu'il s'agit pour beaucoup d'entreprises détenues par des grands groupes et des milliardaires.
Dans ce livre, Bourdieu explique la structure qui détermine la production des médias et va donc bien plus loin que ça.

Par exemple, il montre comment la concurrence, qui s'exerce entre des journalistes qui doivent subir les mêmes contraintes (les annonceurs par exemple), pousse à une uniformisation du contenu qu'ils créent. Il y a plusieurs JT mais en dehors de l'ordre des sujets, rien ne change.
Cette concurrence pour l'audimat pousse aussi à penser avant tout en terme de succès commercial, notamment lorsque les journalistes parlent de culture, or un argument ad populum n'a rien à voir avec les qualités d'une œuvre.
Par ailleurs, étant soumis à une concurrence pour l'attention du public, les JT en particulier sont poussés à être consensuels et ne peuvent pas se permettre de diviser ou d'exclure. C'est encore pertinent aujourd'hui car pour beaucoup de gens, s'informer se limite à regarder un JT donc regarder des informations qui ne disent rien pose évidemment problème.

Il dénonce plusieurs pratiques qui sont particulièrement néfastes pour le champ politique et culturel :
1 : les faits divers, qui sont là pour faire diversion car ils sont de nature à intéresser tout le mode mais n'ont en fait aucun véritable intérêt. Le temps perdu avec ces faits divers montre qu'ils ne sont importants que pour éviter de parler de sujets politiques par exemple.
2: les fast-thinkers, ces pseudo-intellectuels qui sont de bons orateurs mais n'ont rien de très intelligent à dire car ils ne font que répondre rapidement à des sujets d'actualité alors que la réflexion demande forcément du temps qu'ils n'ont pas.
3: le rôle de pompiers incendiaires que jouent parfois les journalistes lorsqu'ils créent l'événement avec un fait divers pour dénoncer ensuite ceux qui viennent mettre de l'huile sur le feu.

Enfin, Bourdieu explique que « On peut et on doit lutter contre l'audimat au nom de la démocratie ». L'audimat ne correspond qu'à une opinion soumise aux règles du marché et du marketing, il ne s'agit pas d'une opinion éclairée.

Je peux donc dire que ce livre m'a un peu plus ouvert les yeux sur les médias, bien que certains points étaient assez évidents et connus (notamment à propos des faits divers et des fast-thinkers). Le principal problème dans ce livre, c'est que Bourdieu ne propose pas vraiment de solution, or quand on soulève un problème et qu'on ne propose pas de solution, on reste sur sa faim.