Ecrit en 1810,  Sur le théâtre de marionnettes est un essai essentiel de Heinrich von Kleist, auteur de La Marquise d’O et de Penthésilée. Sous la forme d’un conte philosophique, le texte fait la part belle au théâtre de marionnettes à l’occasion d’une rencontre entre l’auteur et M.C., danseur à l’Opéra. La retranscription de cette conversation donne à lire le paradoxe du danseur qui ne cesse de constater, dans le pantin articulé crée de toutes pièces, la grâce ultime des mouvements corporels. Pour lui, seul le patin, animé par sa mécanique et par le marionnettiste, peut accéder aux gestes pures et à la beauté originelle décrite par Kant.


Contrairement aux mouvements corporels humains soumis aux sentiments, à une connaissance inachevée et à l’affectation, le patin est exempte de toute pensée et de toute connaissance lui permettant d’accéder, en tant que machine inconsciente, à la perfection et à la grâce absolue.
Le marionnettiste est semblable à un dieu symbolique qui rend aux corps des marionnettes tout son état de grâce et de beauté. Par ce don retrouvé, le pantin articulé apparaît supérieur aux danseur·se·s qui gardent en eux·elles la conscience de leur être et de leur corps.


De ces réflexions, il est question de montrer que la grâce peut être atteinte à deux niveaux : lorsque nous avons acquis la connaissance infinie, inconcevable pour l’être humain ; ou lorsque cette connaissance infinie est remplacée par son équivalent, l’ignorance originelle. Par ces deux niveaux, seul le dernier est accessible, selon M.C., par les marionnettes.


Dans le texte suivant, Sur l’élaboration progressive des idées par la parole, H. von Kleist nous explique l’importance, la richesse mais aussi la complexité de la parole et des conversations. Ce que l’on pense, ce que l’on souhaite exprimer et ce que l’on arrive à extérioriser. Ce dernier définit la manière dont nous apparaissons aux yeux du monde, incomplète et donc infidèle.


Au détour de quelques paradoxes et de quelques réflexions, l’auteur nous amène à penser et à prendre recule sur notre monde et sur sa complexité enivrante…

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le 3 oct. 2017

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