Tata
7.3
Tata

livre de Valérie Perrin (2024)

Tata est un roman très dense où il faut bien cerner les différents portraits des personnages, leurs problématiques différentes et ce qui les unit. À mon sens, la colonne vertébrale du livre, c’est le personnage de Colette Septembre, conditionnant le début d’une constellation familiale, amicale et affective depuis la ville de Gueugnon. Ensuite, selon votre attachement aux personnages d’Agnes, d’Hanna, d’Ana de Blanche ou à ceux de Jean, de Blaise, de Pierre, de Lyèce ou d’Antoine, c’est votre degré d’implication dans l’histoire de Valérie Perrin qui compte par dessus tout. En ce qui me concerne, la singulière trajectoire de Colette, de ses attachements successifs tout au long de sa vie, de ce qu’elle en a fait en pleine conscience, tout en cultivant son jardin ( la cordonnerie, le football) en se positionnant face à des tragédies quotidiennes, est ce qui m’a intéressé et porté dans Tata. Ce que je n’ai pas aimé, c’est la façon de l’écrivaine, d’aller du coq à l’âne, de complexifier ses expositions et d’entretenir des ruptures de ton pas toujours inspirées. Même si chaque vie humaine est par essence chaotique, il n’est pas non plus nécessaire d’en ressortir une substantifique moelle faite de fracas, de noirceur et de tristes désillusions et Valérie Perrin n’en démord pas tout au long de son roman.Que ce soit dans les actions des violenteurs ( où les personnages de Soudoro et de Charpie se télescopent), dans l’absence d’amour liée à la brutalité primaire ( de la mère de Colette, trouvant chez son employeur, un écho à sa dureté) ou des douleurs d’Hanna ravagée par la déportation de ses parents, le propos acerbe et répétitif vous rattrape à chaque fois alors que la découverte de l’oreille absolue de Jean, les clameurs du stade Jean Laville ou la rencontre de Lyèce et Nathalie constituent de rares et salutaires moments d’éclaircie.Ce sont des choses humaines comme le dit William Sheller mais dans Tata, la coupe est décidément trop pleine pour susciter une adhésion systématique aux événements relatés.Parfois, j’ai même ressenti un certain décrochage de Valérie Perrin face à son œuvre, se demandant légitimement si elle allait dans la bonne direction ou ne semblait pas assez satisfaite de son écriture. Reste la bande-son classique ou plus contemporaine que le lecteur entend grâce aux goûts des personnages et permettant de s’aérer l’esprit. Il ne faudrait pas non plus dédaigner le côté « enquête » où Agnès va comprendre ses origines et des vérités de sa tante petit à petit grâce à son cadeau inestimable (que je vous laisse découvrir) et bon fil directeur de l’architecture narrative, à mettre en résonance avec Paul, le copain flic prévenant, venant aux nouvelles et prêter main forte à chaque fois. Mitigé mais pas complètement déçu, je vous conseille d’appréhender Tata quand même car les éléments qui m’ont froissé pourraient justement vous satisfaire. Toute contradiction étant inévitable et chaque avis estimable.

Specliseur
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le 26 janv. 2025

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