Un ouvrage ambitieux mais trop technique
Quignard se livre ici à un exercice qui se répand dans la littérature contemporaine : partir du passé et de ses ombres pour bâtir un roman. Il n'est pas néophyte en la matière (Tous les matins du monde) et de nombreux auteurs décident dans leurs romans de jouer avec notre histoire : Pierre Michon, les Onze mais aussi Eric Vuillard, Tristesse de la Terre, Adrien Bosc, Constellation pour cette rentrée littéraire.
Ici, Quignard raconte la vie d'un graveur du 17e siècle, Meaume. Dans un récit très haché, compartimenté en de tous petits chapitres, il nous relate quelques moments de son existence.
La grande force du livre réside dans les métaphores entre l'oeuvre de l'artiste et sa vie. La frontière entre la description des gravures et les aventures de l'eau-fortier est souvent floue. Certains chapitres plongent dans le dessin, d'autres dans la réalité, rendant l'atmosphère unique.
Mais cet exercice de style est souvent éblouissant au détriment du plaisir de la lecture. Trop court, trop éthéré, trop découpé, ce roman ne décolle vraiment jamais. Au même titre que l'oeuvre de Meaume est sombre, cet ouvrage nous laisse trop dans l'obscurité pour vraiment se laisser apprécier.