Si vous cherchiez quelques éclaircissements, quelques éléments de réponse sur le pourquoi du comment de la vague d’attentats islamistes que subit l’Europe depuis plus de deux ans, passez votre chemin. Vous n’y trouverez rien de concret, de conceptuellement satisfaisant, mais un ramassis de tautologies amphigouriques dont Moix se révèle être le roi.
Je ne nie pas le potentiel plaisir que l’on peut prendre à la lecture du tortueux et de l’alambiqué, mais finalement ce qu’il en reste c’est cette question anecdotique qui perturbe pourtant Moix : pourquoi certains terroristes ont l’honneur d’une fiche wikipédia et d’autres non ?
Les deux chapitres véritablement intéressants et qui auraient mérité d’être publiés en fascicule sont ceux établissant l’historique des attentats anarchistes et l’analyse du mouvement punk.
Le premier récapitule, évènement par événement, les différents attentats nés des mouvances anarchistes qui ont ensanglanté l’époque. Et bien que le parallèle sur le modus operandi est pertinent, il l’est beaucoup moins lorsque l’on examine sérieusement les motivations.
Quant à l’analogie avec les keupons, là c’est carrément n’importe quoi, mais le portait psychologique qu’il dresse du punk typique est assez juste et relèverait presque de la poésie, tendance Lautréamont.
Pour conclure, un livre bien faible, sans constance, uniquement sauvé par deux chapitres, pour le coup brillants, comme une quantité de graisse colossale sur deux os bien dessinés.
On y retrouve la façon de parler et de raisonner de Moix, proche de la tachypsychie, d’une crise réflexive. Un Moix qui penserait tout haut pour échafauder une pensée mais oublierait de la dégrossir pour en coucher sur le papier le pertinent substrat. Sans aucun esprit d’esthète, il nous en sert le brouillon.
Samuel d’Halescourt