Au vu de la pléthore d'ouvrages édités chaque année, il est manifeste que certains romans dignes d'intérêt nous passent sous le nez. C'est ainsi, inéluctable, fatal ; c'est ainsi et ce n'est pas grave, c'est le jeu. Mais quand atterri dans vos mains un roman qui n'aurait pas dû s'y retrouver, et que ledit roman se révèle être une petite pépite, vous vous dites qu'en définitive c'est bien fâcheux que tant de livres vous filent entre les doigts, car, indubitablement, de grands crus se trouvent parmi tous ces volumes. Thalamus aurait dû faire partie de ces livres qui n’imprégneront jamais mon cortex ; fort heureusement il s'y est répandu, pour mon plus grand plaisir.
Hélène et Laurent attendent des jumeaux. Depuis le temps qu'ils espéraient donner la vie, cela les comble de bonheur. Malheureusement, l'un des enfants va mourir lors de l'accouchement. Presque simultanément, Laurent va se faire diagnostiquer une tumeur au cerveau ; elle lui sera retirée mais son état va malgré tout s'aggraver de jour en jour. Et si ces deux drames d'apparence distincts étaient en fait liés ?
Stéphane Gérard nous livre un récit à la fois angoissant et infiniment drôle, grâce à des personnages truculents (Françoise, fausse bimbo concupiscente mais vraie intellectuelle) et des détails très bien pensés – comme la personnification d'Arthur, le poisson rouge, protagoniste à part entière. L'histoire est vraiment passionnante, très bien écrite et somptueusement construite. Et que dire du dénouement ? Un final haletant où l'auteur nous délivre une à une les clés de son canevas, pour nous offrir une conclusion inattendue. Alors oui, on se doute dès le départ que le thalamus est la clé de l'énigme, mais on ne s'attend vraiment pas à un tel épilogue.
Un grand coup de chapeau à l'auteur qui, malgré quelques menus défauts – certains dialogues un peu creux, quelques répétitions un poil lassantes (Hélène qui s'étonne de nombreuses fois de la façon désuète de s'exprimer de son gynécologue) –, nous livre un premier roman somme toute remarquablement maitrisé, ce qui constitue un tour de force peu commun !