Elégie aux disparus
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Tout est bien qui finit bien... Au moins on est prévenu dès le titre ! Et cet avertissement n'est peut-être pas de trop... En effet, le classement de cette œuvre a toujours posé problème. S'il est convenu, jusqu'au programme du titre, que nous avons affaire à une comédie, de nombreux éléments grinçants, voire cyniques, rappellent le pessimisme d'une tragédie.
On a trouvé le terme de "comédie à problème" pour tenter de résoudre le paradoxe, mais le faible nombre de représentation de cette pourtant très bonne pièce montre qu'une gène persiste toujours. Et en toute franchise, j'ai du mal à comprendre pourquoi.
Tout est bien qui finit bien est du Shakespeare pur jus qui nous plonge dans la formule clair-obscure qui a peut-être débuté avec Roméo et Juliette: les tragédies ont des accents bouffons et les comédies n'ignorent pas les souffrances. L'oxymore baroque à son beau fixe ! Aucune des pièces du Barde, même les plus faibles, ne sont jamais insignifiantes puisqu'elles n'omettent jamais de parler de la contradictoire condition humaine.
Prenons l'exemple de Paroles, vantard ridicule dont la lâcheté finit par être tellement outrée qu'elle arrache des sourires, juste avant d'inspirer une sincère pitié face à une telle déchéance. Profondeur des personnages bienvenue qui transforme cette histoire d'amour assez bateau tirée du Décaméron de Boccace en autre chose qu'une élégante plaisanterie vite oubliée.
On cherche à comprendre pourquoi Bertrand fuit le lit d'une si jolie femme pour se jeter dans une guerre qui ne le concerne en rien. Immaturité ? Orgueil ? Stupidité ? Pourquoi Hélène s'accroche à un tel ahuri ? L'influence de Paroles, encore lui, n'est pas à exclure, déclencheur de joutes verbales qu'il n'est pas toujours à même de remporter. Il contribue ainsi beaucoup au rythme cavalcadant de la pièce qui, dans sa dernière partie tourne à l'énigme. Trop abruptement résolue, disent les critiques ? C'est oublier que l'on est bel et bien dans une comédie ! Et peut-être l'une des meilleures de Shakespeare.
Fin abrupte.
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Créée
le 4 déc. 2017
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