Au décès de Rogatien Lelarge, ce sont ses enfants, Robert, Reginald et Suzanne qui héritent de l’entreprise familiale de Baie-Trinité. Une pêcherie qui a fait la fortune de la famille et qui fait vivre quasiment tous les habitants de la ville. Les produits de la pêcherie Lelarge s’exportent jusqu’au Japon. Mais lorsque Mori Ishikawa débarque, envoyé par le Conglomérat des teintes, couleurs, pigments, mollusques et crustacés d’Isumi avec lequel les Lelarge sont en affaire, les choses commencent à prendre une drôle de tournure pour Baie-Trinité et notamment pour Frédéric Goyette, inspecteur de l’agence Canadienne d’inspection des aliments et pour la jeune Laurie Lelarge. Qui est réellement ce mystérieux japonais, qui exerce une véritable fascination sur Laurie, et d’où provient cette nouvelle couleur, l’Ori, que Mori a créé ?
Il est de ces romans surprenants et inclassables qui n’entrent dans aucune catégorie. Tout est Ori est de ceux-là. Des personnages et des situations parfois délirantes, une imagination débridée qui nous amène à penser que l’auteur ne s’est à aucun moment censuré dans l’écriture, une thématique qui va carrément chercher du côté du fantastique, des scènes crues et terriblement charnelles, des moments d’une totale drôlerie, des pages dignes d’un polar et d’autres qui penchent vers la saga familiale ou le récit initiatique… ce livre est d’une richesse incroyable et le tout fonctionne parfaitement bien.
L’imagination de Paul Serge Forest semble sans limite et il possède indéniablement un style, réhaussé de ces petites pointes de vocabulaire canadien qui plongent totalement le lecteur dans l’atmosphère de cette ville québécoise. L’auteur s’autorise une liberté narrative totale et enchanteresse.
On ne cherchera pas à tout analyser et à tout comprendre dans ce roman parfois un peu foutraque. On se laissera simplement porter par le foisonnement de l’histoire, par les personnages savoureux et par une intrigue totalement originale. Car finalement n’est-ce pas ce qu’on demande à un roman ? Nous dépayser, nous bousculer, nous surprendre, et pourquoi pas, parfois, nous choquer ?