Depuis quelques années je note scrupuleusement le nom des auteurs dont on m'a dit du bien, afin de retrouver leurs ouvrages lorsque j'ai pas d'idée particulière de livres à prendre à la bibliothèque. Au point que j'oublie pourquoi on m'avait conseillé tel ou tel auteur. Et souvent LE roman qu'on me conseille de l'auteur en question est hélas totalement indisponible.
Pour Vassili Grossman, on m'avait conseillé Vie et Destin, son "Magnum Opus" qui est une sorte de Guerre et Paix mais située au XXe siècle pendant la bataille de Stalingrad. Je me suis donc rabattu sur Tout Passe en me disant "ho, le livre a pas l'air épais, je vais lire ça en quelques jours et ça me donnera une idée du style de Grossman." Grossière erreur.
Tout Passe n'est pas un "petit roman qui se lit vite" c'est au contraire ce genre de récit portant tellement le poids de l'Histoire et de la dictature qu'on l'ingère par petit bout par peur de se ruiner le moral en le lisant d'une traite. Se servant comme fil rouge de l'histoire d'un homme récemment sortie d'un camp de travail après y avoir passé une trentaine d'année, Grossman fait un réquisitoire lucide mais consternant des égarements du léninisme et du stalinisme. On y lit tour à tour le récit des vagues de dénonciations totalement arbitraires, de la vie dans les camps côté homme puis côté femme, de la famine en Ukraine (passage "dur" à lire) ou du léger espoir de mener enfin une vie libre.
Alors, voilà, je m'y suis senti comme devant une bd de Joe Sacco : Je trouvais ça déprimant mais je me sentais paradoxalement coupable de trouver ça déprimant. Mais en dehors de ça, je n'ai rien à dire, c'est bien écrit (bien que j'ai pas compris certains digressions) et très instructif sur les horreurs du communisme. Mais ça reste pesant à assimiler.