Je m'étais toujours méfié de la littérature érotique, et ce livre m'a donné raison. Quel véritable intérêt artistique à tout ce bordel ? Un éventail de perversions qui n'a rien à envier aux hentais modernes, un scénario inexistant et des personnages si totalement déconnectés de la réalité qu'il est difficile d'y voir une quelconque analyse de l'âme humaine. Le pire de ces personnages est sans aucun doute le narrateur lui-même, qui ne cesse de réitérer tout au long du roman ses efforts pathétiques pour nous faire croire que tout ce qui se passe sous les yeux du lecteur est la pure vérité nue (haha !). A moins d'être un super-héros de la bite doublé d'un malade mental, je ne vois pas comment le personnage du narrateur pourrait être, même vaguement, réel.
C'est d'autant plus dommage que Louÿs est pourvu d'un solide sens de l'humour qui dédramatise bon nombre de situations: les dialogues et les événements sont tellement énormes qu'on en viendrait presque à considérer tout cela comme une vaste bouffonnerie bon enfant, juste destinée à secouer la bourgeoisie bien pensante de l'époque. Efforts brisés par ces tentatives avortées de nous persuader que tout cela est vrai et très sérieux, tentatives particulièrement malsaines je dirais.
Mais c'est peut-être moi qui ne comprend rien à la littérature de la chatte. L'écriture de Louÿs connait, après tout, des fulgurances presque poétiques, de jolies tournures de phrases et des dialogues qui font montre d'un esprit vif et aiguisé. Mais tout cela au service d'une (trop) longue farandole de scènes de sexe qui finissent par toutes se ressembler à force de parler de sodomie et de poils (apparemment les deux grandes obsessions de Louÿs, jusqu'à l’écœurement) et d'aligner le mot "putain" un demi-millier de fois...
Malgré tout, quelque chose me dit que ce roman est une espèce de sommet dans ce genre de littérature, d'où ma note finalement conciliante. Il faudra bien un jour comparer avec deux, trois autres oeuvres du même acabit(e) pour m'en assurer...