Loin d'être mon premier Bernard Werber, "Troisième Humanité" était une sorte de pari avec moi-même. Enthousiasmée par les Fourmis et la saga des Thanatonautes, ardente adoratrice de " l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu" et de "l'Arbre des Possibles", j'avais tout de même été plutôt déçue par d'autres de ses oeuvres.
Ce que j'ai aimé dans celui-ci est que cela reste du Bernard Werber. Le style est fluide, communique les idées sans les enjoliver, et le livre se lit vite. Il y a de nombreuses références à d'autres de ses oeuvres (notamment à "l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu" dont il cite des articles, mais aussi à "Papillon des Etoiles" et à "Le Père de nos pères"), ce qui ponctue agréablement la lecture et construit pour le lecteur l'univers werbérien dans lequel il évolue.
Enfin, certaines réflexions sont très réalistes, notamment le pragmatisme des personnages, la maladie qui ravage tout et l'immobilisme politique des dirigeants qui les rend faibles. Et la vitesse à laquelle tout dégénère et tout se rétablit me semble particulièrement bien retranscrite: dans la "vraie vie", la Terre continuera toujours de tourner, et on oublie vite les erreurs et horreurs passées.
J'ai moins aimé (mais c'est de plus en plus souvent le cas) le manque de profondeur générale du livre. A la surface les choses se présentent bien, mais une fois le livre posé, la réflexion ne suit plus; les solutions proposées sont irréalisables et irréalistes face à une situation bien réelle, mais au final rien ne change, malgré toute la bonne volonté et les bonnes idées. Enfin j'ai du mal avec la caractérisation de certains personnages (notamment Aurore qui nous est présentée comme une femme indépendante, ambitieuse, lesbienne, mais qui penche de plus en plus vers l'autre bord, pique des crises et finalement rentre trop bien dans le moule de la femme au foyer économe, écolo et féministe mais qui finalement parle beaucoup pour pas grand chose; ou encore Penthasilée qui est une reine -que diable!- mais s'efface de la narration la plupart du temps, ou encore Nuçx'ia qui est une pygmée universitaire, diplômée en botanique mais est reléguée plus de la moitié du livre au rôle de compagne de David, juste assez bonne pour lui faire faire des trips et le rassurer, loin de l'image qu'elle donnait dans sa forêt au début).
Pour conclure je dirais que je me suis peu attachée à ce livre, mais qu'il a un fort potentiel. J'attendrais de lire la suite pour me faire une idée tranchée, et je suis bien entendu consciente que ceci n'est que mon opinion, et j'espère presque que vous ne soyez pas d'accords, qu'on puisse en discuter !
Bonne lecture et à la prochaine !