Il est de ces livres que la renommée précède et qu’on appréhende un peu, de ces livres qui vous éblouissent, qui vous changent, qui vous chamboulent… Ubik est de ceux-là. Considérée comme l’une des œuvres maîtresses de Philip K. Dick, un titre qu’on me ressortait souvent quand je disais que je lisais de la SF ou du Dick justement, j’avais toujours eu un peu peur de m’atteler à ce roman au titre mystérieux. Et franchement, j’ai adoré !
Ce livre est difficile à décrire, mais il ne vous laisse pas insensible. La perception de la réalité et la paranoïa qui en résulte ont toujours été des thématiques chères à Dick, mais elles atteignent ici un niveau incroyable, étouffant, oppressant, et pourtant terriblement captivant, palpitant. On se retrouve plongé dans un monde d’anticipation gangrené par le capitaliste au point d’en devenir dystopique dans son fondement même, mais c’est surtout l’aventure de Joe Chip et la façon dont l’auteur a réussi à tout organisé autour de sa perception de l’univers qui l’entoure. Plus qu’une succession de péripéties, on se retrouve presque dans le schéma d’une quête sur fond d’introspection où le héros se questionne en permanence sur la tangibilité de sa réalité et pourtant nous rappelle l’urgence de la situation.
Les personnages secondaires ne sont au final que ça, des personnages qui ne sont là que pour agrémenter l’univers et accentuer cette sensation d’oppression, nous donner des fausses pistes jusqu’à ce qu’on arrive dans la dernière partie où tout se met peu à peu en place dans notre tête. Ce processus progressif de réflexion finit même par créer une sorte d’addiction puisqu’on se retrouve à dévorer les pages pour savoir ce qui arrive au héros, pour enfin découvrir ce que cache Ubik. Ce qui m’amène à ce twist final d’une beauté et d’une efficacité incroyable. Parce qu’il est simple, court, et qu’il remet en cause toute notre lecture du texte. Il est brillant, parfaitement mené, exécuté avec brio !
Ubik est donc sans conteste un des films les plus marquants que j’ai pu lire. Il n’a pas volé sa renommée, et peut prétendre à son titre d’un des classiques de la littérature SF, mais aussi de la littérature tout court.