Un ange est passé par Zéro Janvier
Depuis quelques années, j'ai pris l'habitude tous les deux ou trois mois de faire un tour à la librairie Les mots à la bouche pour faire le plein de bouquins sans tomber sur les best-sellers – qui m'intéressent rarement – mis en avant à la FNAC. C'est lors de ma dernière visite dans cette boutique en plein coeur du Marais que j'ai découvert et acheté Un ange est passé, de l'auteur irlandais Frank Ronan.
Le résumé sur la quatrième de couverture avait tout pour me plaire :
Dans un collège irlandais, deux jeunes gens, John G. Moore et Godfrey Temple, font connaissance. Entre le fils du propriétaire terrien et l'aristocrate désargenté va rapidement se nouer une amitié trouble, alimentée par le désir fasciné de Moore pour un Godfrey Temple aux faux airs rimbaldiens.
Au-delà du sentiment amical, mais aussi pris dans la vie quotidienne, dans les règles de sa société rigide, Moore cherchera avant tout à conserver la présence de son ami, jusqu'à monnayer cette relation.
Je n'ai pas été déçu : Franck Ronan nous offre une histoire magnifique sur l'amitié. John G. Moore et Godfrey Temple n'ont rien en commun, à part le fait d'être rejetés par leurs camarades de classe. L'un est fils de fermier, très terre à terre ; l'autre est un aristocrate sans le sou, bohème et épicurien. Ce sont deux garçons que tout devrait séparer mais qui se lient d'amitié envers et contre tout. Ils traversent ensuite les années et restent proches, malgré les aléas de la vie. Ils se croisent, s'éloignent, mais finissent toujours par se retrouver.
J'ai toujours eu un faible pour ces histoires d'amitié qui durent toute une vie. Celle-ci m'a particulièrement touché, parce qu'on sent qu'à tout moment ces deux destins pourraient s'éloigner irrémédiablement, et définitivement. John et Smallgods (le surnom de Godfrey) sont si différents qu'un rien pourrait les séparer. J'ai été marqué par un dialogue qu'ils répètent deux fois et qui résume tout ce que j'aime dans ce roman :
- A ton avis, je suis fou ? ai-je dit.
- Je n'en sais rien. Tu es très différent des autres. Mais il n'y a pas de mal à cela. Moi je ne t'aimerais pas si tu étais comme eux.