Un arbre, un jour...
Quel bonheur de retrouver la plume toute en émotion de Karine Lambert. Direction dans un petit village du sud de la France, cela fait plus d'un siècle que le platane trône au milieu de la place. Du...
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le 6 mai 2018
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Quel bonheur de retrouver la plume toute en émotion de Karine Lambert.
Direction dans un petit village du sud de la France, cela fait plus d'un siècle que le platane trône au milieu de la place. Du haut de ses trente-deux mètres, il est témoin de la vie du bourg. Nous sommes le 1er mars, le printemps approche.
François Lebrun l'ouvrier communal plante deux clous dans son écorce, il ne fait qu'exécuter les ordres : un avis qui signale que le 21 mars, jour du printemps, le platane sera abattu !
Ce message ne reste pas longtemps en place. Clément Pujot, un gamin du village l'arrache dépité.
Ce n'est pas possible ! Pas l'arbre ! Il va du haut de ses dix ans se démener pour sauver l'arbre.
Petit à petit un comité de soutien se constitue, c'est l'occasion de découvrir la petite communauté villageoise et de créer des liens, une vraie solidarité !
Sur la place, il y a Suzanne qui vient de reprendre le bar PMU de sa tante, et qui au delà de ses problèmes personnels (l'accident de Joe et son absence) et se problèmes financiers va organiser le comité de défense de l'arbre.
Il y a les soeurs Bonnefay, nonagénaires , cabossées par la vie, qui vont aussi se livrer au combat, quitter leur isolement pour participer à la vie de la communauté.
Raphaël l'indécis, incapable de faire des choix, quittera-t-il son psychiatre pour enfin avancer ?
Fanny est styliste culinaire, ses amours sont compliquées.
François le vendeur d'artichauts qui fument des joints pour oublier sa solitude sera t-il spectateur ou acteur ?
Il y a aussi le voyageur de retour au village...
L'arbre sera le centre des préoccupations de chacun. On chanterait bien "Auprès de mon arbre, je vivais heureux...
L'originalité de ce récit réside dans le fait que l'arbre est un personnage comme les autres, lui aussi parfois empreint de solitude et il parle, il s'exprime tout au long du récit. J'ai un peu pensé à Didier van Cauwelaert "Le journal intime d'un arbre" à la lecture mais de très loin car là aussi l'arbre mort s'exprimait.
On apprend des tas de choses sur les arbres et leurs vies, leurs amours, leurs nuits.
La solitude est au centre du récit, l'arbre rapprochera certains, ils deviendront solidaires.
Quelle jolie plume, bienveillante, sensible. L'écriture est poétique, très belle. La construction est chronologique, très vivante, elle nous livre les points de vue des habitants du bourg. C'est aéré, la cohésion est parfaite.
J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, rapide, fluide. Lisez-le c'est un remède contre la morosité, ce récit est original et procure de belles émotions.
Ma note : ♥
Les jolies phrases
Pour lui, la vie ressemble à ces restaurants japonais où les sushis et les sashimis défilent sur un tapis roulant : le temps de choisir, le plat a disparu, des yakitoris et des teppanyakis surgissent, ce qui rend l'incertitude oppressante.
Tous accros aux billets de loto, cochent, grattent, espèrent. La vie est-elle un jeu de hasard, tout est-il écrit à l'avance ou faut-il reconnaître la chance et la saisir ? Elle n'a jamais acheté de ticket de loterie.
Les humains nous serrent dans les bras, nous écrivent des poèmes et des chansons, gravent des prénoms sur nos troncs, et nous acceptions sans broncher. Nous leur offrons volontiers l'oxygène dont ils ont besoin.
Nous les arbres, nous avons également nos rêves, nos envies d'ailleurs, nos moments de solitude intense. Quelquefois, comme eux, nous titubons au bord de l'abîme. Et les sapins ! Idolâtrés pendant trois semaines, ampoulés, enguirlandés, choyés, illuminés, couverts de cadeaux et quelques jours après, déposés, nus et morts, sur le trottoir.
Adeline pensait que l'arbre lui survivrait, comme un ami dont la présence semble tellement évidente qu'on n'imagine pas qu'il pourrait disparaître le premier. Ça l'aidait à accepter la perspective de pousser un jour son dernier soupir.
Ma tante Judith m'a souvent répété que rêver une autre réalité était préférable à la soumission.
Et si parfois les enfants réalisaient les rêves inconscients de leurs parents ?
Tout est un mouvement perpétuel. Il y a toujours de l'espoir. Chaque matin est un nouveau départ. Vous savez, Suzanne, quand je me réveille au milieu du désert, la vie semble absente, mais, à elle seule, la lumière rasante sur le sable justifie d'être là.
Faut-il que quelque chose se brise pour nouer des liens ?
Avez-vous envisagé qu'en vous demandant de choisir, aucun de vos parents ne vous avait choisi ?
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le 6 mai 2018
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