Comme Dexter, mais en plus marrant

Enième auto-portrait d'un serial killer en mode "j'assume et je ne me soigne pas", un employé modèle est un petit thriller bien réjouissant.
Entre les scènes où Joe, le héros, employé au commissariat pour pouvoir épier les progrès de la police dans leur traque du Boucher de Christchurch (Joe, donc), se fait passer pour un débile léger; celles où il considère comme une vraie attardée une collègue qui n'est que gentille; celles où il assassine froidement et sans remord; la cohabitation avec son abominable mère castratrice; celle où il se fait prendre à son propre jeu...il y a de quoi faire.

D'aucuns dirons que c'est du déjà vu et c'est un peu vrai, mais c'est un reproche qu'on peut faire à 99% des polars actuels. Dans ce genre là, comme dans bien d'autre, les bases sont posées depuis des lustres et les nouveaux romans n'en sont que des déclinaisons plus ou moins brillantes et digestes.

Et donc, dans la série portrait d'un serial killer, ce Paul Cleave est bien sympa à lire. Au début on pense fortement à Dexter, mais Joe est bien plus machiavélique, cynique et marrant.

"Plus nous avons de lumière, plus elle est affreuse. Elle a l'air défoncée. Peut-être que si elle n'avait pas quitté le lycée si tôt, n'était pas tombée enceinte, n'avait pas avorté et n'était pas retombée enceinte, elle aurait pu vivre une vie plus respectable. Je ne dis pas que les prostituées ne sont pas respectables - elles satisfont un besoin de la société. Où pouvez-vous trouver quelqu'un à tuer en si peu de temps, et que tout le monde s'en foute? Elles sont toutes prêtes à vous suivre n'importe où. C'est dingue. Elles risquent leur vie toutes les nuits et s'offrent en pâture à leurs clients. La seule autre victime facile, mais pas toujours aussi disponible, c'est l'auto-stoppeuse. Le truc c'est de s'arrêter à côté d'elle et de regarder votre montre pour donner l'impression qu'on vous attend quelque part, peut-être à une réunion, et marmonner que vous avez juste le temps de la déposer pas loin de là où elle veut aller. Cela donne un merveilleux sentiment de fausse sécurité, qui la pousse dans votre voiture."