Voici un excellent policier polonais qui a de quoi hanter vos nuits et vos insomnies.
D'autant que Zygmunt Miloszewski nous balade un peu comme il veut en nous prouvant par le menu que la notion de "vérité" n'est finalement qu'une posture de psychanalyse, du moins au début de l'affaire. Ensuite, il remet en question en permanence notre crédulité avec des pistes foireuses, des chausse-trappes habiles et malicieuses au point que j'en perdais mon latin.
L'intrigue est particulièrement tarabiscotée et très bien construite car je n'ai rien vu venir. Malin !
Humaine, cette histoire l'est indiscutablement. Le procureur Teodore Szacki s'est fait largué par sa femme, qui a conservé la charge de sa fille. Exilé à Sandomierz, il doit se reconstruire dans ce qu'il croit être une bourgade provinciale tranquille et paumée. Jusqu'à ce qu'un cadavre de femme ne croise sa route : "un cadavre, un vrai" ! Obstiné, le procureur se met en chasse et il apparaît sous toutes ses facettes : précis, méthodique, dubitatif, incrédule, psychanalyste, lucide, cynique, un poil misogyne, et... amoureux, voire frustre, mêlant ses sentiments sans vraiment beaucoup de retenue que ce soit pour rompre ou pour se laisser séduire.
Peut-être un peu "bavard" par moment, l'auteur nous promène dans les méandres de l'obscurantisme polonais sans prendre partie en nous laissant la charge de nous documenter un peu plus sur les traditions juives, si on le souhaite.
C'est une enquête classique mais avec un charme indéniable et une réflexion intéressante sur la vérité.
Voici un excellent moment de lecture, sans aucune hésitation.